Fin de la guerre des monstres
Préludes de la guerre infinie

     La Guerre des Monstres s'est terminée par élimination (évaporation même) du monstre Ben Laden qui avait été quelque peu majoré. (Nous mêmes on avait un peu marché dans le coup de" la grande coupure historique du 11 Septembre".) Ne reste plus de l'Al Kaida que  de misérables fanatiques en guenilles,  drogués et perdus au milieu de prisonniers de guerre talibans (auxquels on refuse cette qualité pour faire nombre). Plus aussi des tas de basanés arrêtés, mais que même en Angleterre il faut relâcher, vu qu'on n'a guère à leur reprocher que d'avoir été un peu trop fanatisés par des mollahs retranchés dans leurs mosquées, lesquels on ne peut pas toucher, vu le respect de la religion, qui est sacré.

       Mais la guerre a si bien réussi à Bush Junior qu'il est très décidé à la faire non-stop ! Les cibles sont prêtes : 200000 hommes pour se lancer contre l'Iraq (qui n'a jamais rien eu à voir avec Ben Laden), en attendant le tour de l'Iran, de la Corée du Nord et... du reste du monde : Bush ne tolérant même qu'on critique ses USA.

      Une petite difficulté toutefois ! Le célébrissime Camp du Bien, est déjà en morceaux, laissant le "11 Septembre" aux cérémonies  des yankees envoyés au chômage en masse. Passons en revue le tour de laTerre en partant du foyer de l'Afghanistan.

      Certes, voilà les Afghans libérés au passage des talibans. Mais le gouvernement d'Hamid Karzaï dont ils ont hérité, a viré les moudjahidines de l'Alliance du Nord de Kaboul, qu'ils avaient libérée. Et dans les provinces, les chefs traditionnels sont solidement réinstallés, tel Ismaïl Khan à Herat. Et les chefs de guerre pashtounes restent d'autant plus incontrôlables que les troupes US continuent à tuer des civils "par erreur", dans leur rage de trouver Ben Laden disparu. Pour assurer sa paix, Hamid Karzaï, lui, a dû libérer ses prisonniers talibans et les renvoyer dans leurs foyers. Il faudra encore du temps avant que la route du pétrole caucasien soit sûre. En attendant les troupes anglaises font la police des rues à Kaboul, et les Français sont partis après avoir balayé l'aéroport de Bagram. Quant à nourrir ce peuple, lui apporter les moyens de se soigner et de s'éduquer, il y a les ONG pour ça, plus BHL qui leur sera certainement d'un grand secours philosophique. Mais la terre qu'il faudrait rendre cultivable ? BHL n'en a jamais vu qu'en pots de fleurs dans les salons, où il n'y a pas de mines anti-personnel.

      Passons au Pakistan, où Moucharraf essaie de retrouver un contact avec Kaboul, ce qui est un peu délicat tout de même à faire avaler aux Afghans. Mais il veut aussi faire payer à Bush sa lutte anti-islamiste en aide contre l'Inde. L'Inde qui, pur membre du Camp du Bien, veut qu'on lui donne raison contre le Pakistan , ce nid d'islamistes terroristes. Durs, durs problèmes !

      Au nord, la Russie rue dans les brancards. Elle voit d'un mauvais œil les Yankees s'installer dans ses ex-colonies asiatiques. Et pire encore :depuis que les talibans sont écrabouillés, voilà que l'"Opinion publique internationale" redécouvre que la Tchetchénie, c'est un horrible champ de massacre. On a laissé tomber la légende des Tchetchènes talibans d'Afghanistan. Et Bush laisse un peu tomber Poutine devant les cris des vertueux Européens qui ont cessé de baisser pudiquement les yeux.

      Arrivons-en à ceux là. Vexés d'avoir été relégués aux corvées de chiottes de la guerre d'Afghanistan (Au fait, où est donc passé le porte-avions Charles de Gaulle ?), voilà qu'ils ruent dans les brancards devant les projets du va-t'en-guerre Buch. Avec des gants, tout de même, en sous-ordres bien stylés pas contents, et qu'il rappelle à l'ordre. Seul Haider, parfaitement libre, après avoir réussi à être plus écologiste anti-nucléaire que tous les Verts réunis, est parti serrer la main à Saddam Hussein. Bravo l'artiste ! Tu seras bientôt premier ministre autrichien.

      Seul point du monde où la guerre fait rage sans suspension pour l'instant : la Palestine. Là, ça s'empire de jours en jours. Tout concourt à aider Sharon à mener sa besogne de criminel de guerre jusqu'au bout, depuis son ministre Pérès qui recommence toutes les semaines à faire des propositions pleurnichardes de dialogues parfaitement vides, assorties d'un "et que le terrorisme soit arrêté" (histoire d'enlever toute possibilité de commencement de début aux-dites propositions), jusqu'au Bush qui répond en écho : "Je continue à considérer Arafat comme l'interlocuteur valable, mais il doit arrêter le terrorisme", les Européens font les gros yeux, et pas un geste sérieux. Mais ils réprouvent les graffitis et injures antisémites de quelques beurs excités et très isolés, et sans trouver quoi que ce soit à reprocher aux sionistes de chez nous qui soutiennent ouvertement Sharon. Pendant ce temps, les Palestiniens sont assassinés ou crèvent de misères devant leurs maisons détruites.

Paris le 19 février 2002