Pendant qu'on assassine un peuple !
les complices, les tartufes, les lâches...

            Le bourreau Sharon poursuit son but, son éternel  sourire aux lèvres. Son système est infaillible, mis au point depuis le début de l'intifada : provoquer des gestes désespérés pour élever à chaque fois d'un degré sa répression, en proclamant qu'après cela, il arrêtera si  le « terrorisme » s'arrête ; et comme cette répression provoque inévitablement de nouveaux gestes désespérés, il réprime aussitôt un cran au-dessus, et, ainsi de suite ... Il est sur la bonne voie. Il tient déjà toutes les villes de Cisjordanie. De temps en temps, il recule de l'une pour pénétrer dans deux autres, puis revient dans la première. Il tue des Palestiniens tous les jours. Ecrase les voitures, détruit les maisons, On ne compte plus les morts quotidiens, parce que ce n'est plus par unité, même plus par dizaines. 1300 hommes, dénudés, les yeux bandés, ont été jetés en camp de concentration dans le désert du Neguev, et tous les jours d'autres les rejoignent. Et là on les torture (selon une ONG israélienne). La population dont on éventre les maisons, dont on détruit les meubles, que l'on pille (de l'argent, des biens divers, et jusqu'à la nourriture) à qui on coupe l'eau et l'électricité, est affamée. En plus on l'accable d'humiliations. On tire sur les ambulances. Les hôpitaux n'ont plus les moyens de soigner les blessés, quand ceux-ci parviennent à y arriver.  Pour poursuivre les exactions tranquillement, la presse est interdite... sous peine de mort. Tout en continuant à appeler Arafat et la police palestinienne à arrêter le « terrorisme », il leur a enlevé le peu des derniers moyens d'agir qu'ils avaient. Désormais Arafat est un prisonnier, éclairé à la bougie et se nourrissant de pain et de fromage, et ses forces pauvrement armées sont détruites. Milosevic est dépassé. Rien n'arrêtera Sharon dans sa volonté de détruire complètement la Palestine et d'obtenir son grand Israël, promis par Yaveh, il y a trois mille ans, car...

            Avec Bush, le soutien du super-impérialisme yankee lui est acquis. Le Bush aussi, bien qu'imbécile, a trouvé un parfait système de soutien, inspiré par Sharon lui-même : celui-ci doit retirer ses troupes et Arafat doit arrêter le terrorisme. C'est la parfaite formule pour que Sharon continue, puisque Arafat, le voudrait-il, comme il l'a tenté naguère, est dans l'incapacité totale d'empêcher des désespérés de se faire sauter. Sharon fait donc semblant d'obéïr, fait un demi-pas en arrière, attend le premier inévitable attentat qu'il a provoqué, et peut continuer (voir ci-dessus). Parfaitement complice, le Bush recommencera le lendemain. L'opinion mondiale s'indigne ! Il fait semblant d'être très colère. Il votera même au Conseil de Sécurité de l'ONU une résolution d'appel ferme au retrait de Tsahal de la Palestine. Mais, en même temps, il tance Arafat, qui a même « trahi les espoirs de son peuple », voyez-vous, et qui doit, de sa prison, arrêter le « terrorisme ». Les dirigeants du monde arabe, pour duper leurs populations, tapent un peu sur la table, et Bush exige que Sharon arrête tout « sans délai ». Mais comme l'autre continue, il précise que cela ne veut pas dire « de façon chaotique », ce qui signifie qu'il peut prendre son temps, et... continuer. Des centaines de morts palestiniens... et dix morts israéliens victimes d'un kamikaze. Cela justifiera un surcroît de massacres de Palestiniens. Mais Bush fait davantage : il envoie Colin Powell pour régler le problème, à petits pas à travers le monde, histoire de laisser du temps à Sharon. Comme système, c'est très grossier, mais ça marche parfaitement, car...

            Messieurs les chefs d'Etat de l'Europe et autres lieux applaudissent au « tournant » de M. Bush. Comme il est ferme ! Vous allez voir comme il va arrêter Sharon. Si ce n'est pas demain, ce sera à la Trinité, ou l'année prochaine.  Mais il faut bien reconnaître qu'Arafat à des torts... et qu'il est inadmissible que des gens se fassent sauter... au petit malheur, là où ils en trouvent le moyen. Mais enfin, soyons patients ! La voie de la paix finira bien par se retrouver. Notez que nous considérons toujours Arafat comme le représentant du peuple palestinien. Ah, mais ! Nous sommes fermes ! Mais il faut bien admettre qu'il devrait faire quelque chose pour arrêter le terrorisme. (Car le terrorisme, ce n'est pas Sharon et son armée d'assassins, mais ceux qui vengent leurs morts comme ils peuvent !)  Et nos représentants sont prêts à le rencontrer, Arafat, pour lui expliquer notre position, voire notre solidarité. Le malheur, c'est que Sharon nous interdit d'y aller. Parce qu'il en a le droit, voyez-vous. Alors nous n'allons pas en faire une histoire. Il nous cracherait dans la gueule qu'on s'essuierait en souriant. Ledit Sharon se marre de plus en plus. La lâcheté de ces Européens le comble. Il ouvre la porte de son gouvernement  au général d'extrême droite nationaliste, Effi Eitam, qui le pousse (comme si c'était nécessaire !), à aller jusqu'au bout. Cela ne fait pas sortir le parti travailliste (sic) et son ministres des Affaires étrangères (sic) le minable Pérès, dudit gouvernement, continuant ainsi à être le meilleur complice du criminel de guerre. La lâcheté est bien partagée. On déplore tout ça, et même, on envoie des signaux forts (Cohn Bendit). Mais des mesures de représailles fortes ? Non ! Cela fâcherait d'ailleurs M. Bush ! Sans compter les bonnes relations commerciales.

            Le Choeur des médias chante quasi d'une seule voix : il faut arrêter des deux côtés ! On compte les morts groupés. La façon de tuer explique qu'il y en ait plus d'un côté que de l'autre. Et puis, si Israël tue plus, c'est de façon normale, légale, avec des fusils, des canons, des chars ; tandis que ces Palestiniens, avec de pauvres pétoires et des ceintures de bombes, c'est monstrueux ! Enfin, la dernière trouvaille de l'équilibre, c'est  l'équivalence : des centaines de Palestiniens (dont femmes, enfants) tués et leurs maisons détruites d'un côté, et de l'autre un mur de synagogue un peu brûlé, voire tagué. Et comme ce côté, c'est chez nous, on lui consacrera plus de temps au journal de vingt heures qu'à ce sang répandu si loin, d'ailleurs, et depuis si longtemps qu'on en a pris l'habitude. Si vous contestez cet équilibre, c'est que vous êtes antisémite. D'ailleurs M. Taguieff l'a  expliqué. Sans compter que les élections sont proches et que les juifs votent plus que les musulmans. Voyez comme les grands candidats sont mesurés ! On ne va pas risquer de perdre des voix pour un petit massacre au Proche-Orient, où on en a l'habitude !

            Exceptions à ce choeur, deux hebdos seulement : Politis et Rouge. Même le Canard enchaîné et Charlie hebdo mettent des bémols à leur condamnation de Sharon. Pour le premier, Arafat n'a jamais été net, et on n'y a jamais aimé beaucoup les Arabes (qui ne sont pas des voltairiens comme nous) ; pour l'autre (avec l'exception de Charb), les kamikazes sont des cons, qui croient à des vierges promises au paradis d'Allah, et les cocktails molotov sur des synagogues, ça n'a rien à voir avec le soutien sans faille du Crif accordé à Sharon ! Malgré le langage  clair des manifestations, la critique d'allure tout azimut de ces hebdos marche dans le sens du vent. Qu'on n'attende pas d'eux qu'ils renvoient dos à dos les murs brûlés des synagogues (car ça c'est le retour de Hitler) et le soutien du Crif à Sharon (ça, que voulez-vous, ça s'explique par la Shoah), et qu'ils fustigent la lâche complicité de l'union sacrée politique franco-européenne !

Sharon peut être tranquille ! 

Avec tous ces tartufes et tous ces lâches (sans compter les cons), il a gagné !
                                                         

Paris le 11 avril 2002