Eclairage sur la stratégie Bush

         Ainsi, l'Administration Bush était prévenue, avant le 11 septembre dernier, qu'Al Kaida préparait un détournement d'avions, et n'a rien fait pour le prévenir  ! Mais les pauvres agents de la CIA, nous explique-t-on sérieusement, n'avaient rien pu faire, les terroristes n'ayant pas eu la courtoisie de les prévenir  du lieu, du jour et de l'heure, ainsi que de la cible de leur opération !

         Cela valide-t-il la thèse de Thierry Meissan, selon lequel, en réalité, l'opération d'Al Kaida, était voulue, voire préparée par le CIA elle-même ? Dans ma "Guerre des Monstres n° II" du 25/9/O1 (toujours sur le site), je répondais déjà au camarade, qui m'avait aussitôt suggéré une telle hypothèse, que s'il était probable que CIA et Administration se doutaient de quelque chose et l'avaient laissé faire, c'était sans connaître l'énormité de l'attentat préparé. En somme selon le scénario de Pearl Harbour, évoqué dès le premier moment par la presse yankee. Et cette hypothèse se confirme maintenant. Il fallait un attentat pour justifier la grande guerre mondiale du pétrole. Ils en espéraient un petit, ils en ont eu un énorme !

         Mais l'énormité a été tout profit pour Bush, le mal élu de la minorité en votants et en voix des yankees (plus un vote truqué): il est devenu le Superman de ses rêves, qui allait réaliser la Superpuissance de mille ans, manquée par Hitler.

         Il a commencé fort, avec l'Afghanistan. Aux yeux du monde, le renversement de l'ignoble régime des talibans a fait passer la caractère à la fois monstrueux et minable de cette troisième guerre scientifique US. Certes, la cible désignée a été manquée : Ben Laden est rentré chez lui pour gérer ses milliards et réfléchir à une riposte éventuelle, mais le but réel a été atteint : le pétrole coulera pour les USA des anciennes républiques islamiques de l'URSS au travers de l'Afghanistan. A moins que

         Bush était prêt à passer à sa deuxième étape : la pulvérisation de l'Iraq, promu sans aucune preuve ni logique, centre du terrorisme mondial, quand un os est survenu dans le potage : l'acharnement de Sharon à détruire la Palestine pour y installer son grand Israël.

Et cela suscitait un second os : l'Arabie Saoudite, qui en avait gros sur la patate de l'échec de son Ben Laden, et qui sait que si l'Iraq tombe dans l'escarcelle des USA, puis l'Iran (cible suivante désignée clairement), elle pourra mettre une croix sur son rêve de tenir la dragée haute à ses cher alliés, ces chiens d'infidèles, et qu'en plus l'activité de M. Sharon rend fragile  sa paix sociale. Elle s'est donc mise à la tête des pays arabes pour mettre le holà à Sharon.

 Pour dégager la piste, Bush était acculé à jouer un double jeu des plus difficiles (ce qui n'est guère dans ses capacités) : faire semblant d'assurer qu'il veut un Etat palestinien libre et indépendant, et ordonner à Sharon d'arrêter les frais,  tout en le soutenant par l'exigence  qu'Arafat empêche ses désespérés de se faire sauter, condition absolue pour que cessent les "justes représailles" d'Israël ; soit ce qui est précisément le système par lequel Sharon peut continuer sa guerre  génocidaire aussi longtemps qu'il voudra, donc très précisément jusqu'à la destruction de la Palestine.

Si l'Arabie Saoudite fait semblant de se satisfaire de ce jeu de faux jeton, et si les diplomates européens font aussi semblant d'y croire, c'est si grossier que cela ne peut tromper aucun citoyen normalement constitué de quelque pays du monde que ce soit. Et d'autant plus que Sharon s'est dépêché d'en profiter pour élever sa guerre de plusieurs crans, jusqu'à perpétrer le monstrueux massacre de Jénine. Ce qui parvient enfin à susciter en Israël un renforcement de la gauche pacifiste, jusqu'alors réduite à une petite minorité muselée.

La guerre mondiale du pétrole de Bush est donc pour l'instant dans l'impasse. Et ce n'est pas seulement le sang des Palestiniens qui l'embourbe, mais aussi son échec de se faire maître du pétrole vénézuélien, et même l'opposition yankee qui commence à relever la tête.

Nous avons là tout ce qui fait la différence entre Hitler et Bush. Le second a réussi à droguer son opinion publique, mais ses oppositions sont bien vivantes. L'intérieure, celle des sommets politiques, commence à s'inquiéter des contrecoups de cette politique délirante, menée par des moyens aussi bêtes que terribles. Et l'extérieure est double. D'un côté, l'Europe commence aussi à s'inquiéter sérieusement des effets seconds de la politique de cet Ubush, pareille à celle du Picrochole de Rabelais qui partit pour conquérir le monde, et ne dépassa pas sa Touraine. D'autant que, pour favoriser ses importateurs, il touche à l'ordre économique même imposé par les Etats-Unis, ce qui, pour les Eurocrates, est pire que tous les génocides. Mais, le plus grave pour les politiciens intelligents US, c'est la population de l'Amérique du Sud qui, du Venezuela à l'Argentine, et du Mexique à Porto Alegre, en passant par le Colombie, en a par-dessus la tête de la domination économique, politique et militaire des grands frères du Nord.

         Le pire, c'est-à-dire la guerre mondiale bushienne, n'est donc pas certain !

                                     20 mai 2002