15 mars 2004

Les peuples contre
la Guerre des Monstres


On a souvent comparé la guerre au jeu ; d'échecs, en particulier. Les deux joueurs majeurs de la Guerre des Monstres ne sont pas des humanistes. Le pétrole n'y incite pas. Ben Laden a lancé la partie le 11 septembre 2001 avec un peu plus de 3000 morts "civils innocents" d'un seul coup. Bush a relancé en doublant la mise de "civils innocents", mais étalée, d'abord en Afghanistan, puis en Irak. Ben Laden n'a pas ses moyens, mais il est plus intelligent. Il bloque Bush en Irak en lui tuant ses soldats par petits paquets. Ce qui est très mauvais pour le moral étatsunien. Puis, il lui aura suffi de 200 morts de civils innocents pour faire tomber une des pièces maîtresses du jeu adverse, et foutre la panique à toute l'Europe.
Certes, le petit Aznar a bien failli s'en tirer. Il était pas de taille. Seulement celle qu'il fallait à Bush pour le prendre par l'épaule, avec l'air de dire : "Il ira loin, ce petit, si les cochons ne le mangent pas." Il avait deux jours pour couillonner les électeurs en leur faisant croire que c'était l'ETA qui avait tué, alors que tous les services secrets d'Europe et d'Amérique avaient immédiatement compris que c'était signé "Al Kaïda" : la méthode, les moyens, la date, l'annonce, l'évidence... Ceux-ci ont d'ailleurs eu la bonté de ne pas le démentir, le Aznar, malgré la difficulté. C'était ne pas compter avec les auteurs qui tenaient à ce qu'on ne se méprenne pas. Ni compter avec l'intelligence populaire.
Les coups de Bush ne lui ont donné aucun avantage. Au contraire, ils étaient d'un joueur imbécile. Il a bloqué lui-même son jeu et ne sait comment en sortir. Ben Laden n'aura même pas besoin d'un second 11 septembre pour que Kerry l'emporte. A moins que, vraiment, la masse les électeurs étatsuniens ne soient pas aussi intelligents que ceux d'Espagne, ce qui est très possible.
En revanche, les citoyens anglais, italiens, voire polonais, etc., ont des raisons d'avoir peur, s'il ne leur est pas donné à temps de faire subir aux Blair, Berlusconi & C° le sort d'Aznar et de son PP.
Et nous ? Nos grands politiques, de ceux du pouvoir à Fabius semblent s'être donné le mot : "On est aussi dans le colimateur. C'est à la démocratie qu'en veulent ces fous de Dieu. leur terrorisme est aveugle ("une secte apocalyptique...Elle n'a que trains de la mort et fumées noires en tête." Dominique Dhombres, dans le Monde).
Et voilà ! Le tour est joué. Le plan Vigipirate vous protège, mais frissonnez tout de même ! N'avons-nous pas été menacés pour l'interdiction du voile à l'école ? Unité de toute l'Europe, fauteurs de guerre et malins-prudents réconciliés ; et tous petits poussins pressés sous l'aile du grand aigle déplumé US !
Mais non, bonnes gens, nous ne craignons rien chez nous. Du moins tant que nous ne serons pas rentrés dans le sein de la "coalition".
Les "fous de Dieu", ce sont les pauvres crétins qui se font sauter en confondant Allah et le Pétrole. Mais Ben Laden, lui, il croit sans doute à son Dieu, aussi bêtement que Bush au sien, et il est aussi salaud, mais il est beaucoup plus intelligent : priver Bush de ses proconsuls, donc des tours, chevaux et fous de son jeu, c'est d'un joueur très fort.
Notre problème, c'est de savoir si nos politiques, des chiraquiens aux socialistes en peau de lapin, et leurs spécialistes des merdias et télé (celui d'Arte est gratiné !), croient à ce qu'ils disent. C'est peu probable.
Et c'est d'ailleurs bien là qu'est le danger. Ce qui n'est pas rassurant, c'est que tous ces gens là ne sont pas prêts à faire une politique de paix et de justice internationale en rompant nettement avec Bush et son anti-terrorisme (qui est, à l'échelle internationale, l'équivalent de ce qu'est, chez nous, à l'intérieur, la politique sécuritaire de Sarkozy), mais que même ceux qui ont refusé la guerre (pour son coût en voix électorales, en fric et en troufions), ne rêvent que des conditions de vivre leur libéralisme en paix avec le Seigneur de la Planète.
L'unanimité, de toutes les droites et de la gauche social-démocrate est pour l'acceptation du dualisme "créé" par le 11 septembre. Écoutez-les ?
"Les Espagnols ont fait un vote "moral" contre un gros menteur (Pas contre un fauteur de guerre qui les a foutu dans la merde contre leur volonté clairement exprimée avant…par la RUE !). Mais, malheureusement, c'est aussi une victoire d'Al Kaïda ! Ils se rendent pas compte ! Ils ont cédé au terrorisme ! Et voyez ! Si ça recommençait ailleurs ?
Et ils ne se posent pas la question : les Afghans, les Irakiens, c'est au prix de combien de morts civils innocents du terrorisme d'État qu'ils ont obtenu leur… liberté démocratique (à venir) ?
Non ! Messieurs ! Nous ne sommes dans aucun des deux camps des Monstres ! Même si nous risquons de prendre sur la gueule des bombes du Monstre d'en face, comme nos pareils basanés, eux, pratiquement tous les jours (voyez les Palestiniens), prennent sur la gueule les bombes et les balles du Monstre de notre côté du monde !
Nous, nous sommes les millions qui ont défilé dans le monde contre la guerre d'Irak, les altermondialistes, nous sommes le "Peuple" (comme celui d'Espagne), en tiers entre les deux Monstres, et nous ne désespérons pas, pauvres petits David que nous sommes, de finir par tuer les deux Monstres.