19 mai 2004

L'opération "antisémitisme"
couverture
du racisme

resque tout le monde semble accepter de marcher dans l'opération chantage du "nouvel antisémitisme européen". Il faut dire que les gouvernements européens qui, pour des raisons économico-politico-électorales s'étaient opposés à la guerre d'Irak, s'efforcent aujourd'hui de rétablir la grande union "atlantique" des vautours en donnant des gages qui ne coûtent pas cher. Et le moins cher est de tempérer les reproches paternels que l'on est tout de même obligé de faire à Sharogne, en lui donnant le lot de consolation, comme pour "circonstance atténuante", de la lutte contre l'antisémitisme.

es 28 et 29 avril, se sont réunis à Berlin rien de moins que 500 délégués, "représentant 55 nations" en une conférence "pour examiner les moyens de renforcer la lutte contre l'antisémitisme". Bien entendu, le représentant d'Israël y trônait, et, comme on pouvait aussi s'y attendre, ce fut ce gros gaffeur de Colin Powell qui vendit la mèche en expliquant que l'antisémitisme était causé par l'"excès" de critique de la politique israélienne. La messe était dite.

uit jours après, le roquet Sarkozy renvoyait leurs aboiements aux chiens yankees en hurlant à la mort contre l'antisémitisme français, entretenu et porté au rouge, selon lui, par ce pauvre Parti socialiste, qui pourtant n'a jamais voulu de mal à Sharogne et à ses ultras (Rappelons nous Jospin, insultant les Palestiniens. Sans compter, hier, 18 mai, leur frère allemand Schrœder, récitant : "Nous comprenons qu'Israël doit vivre en sécurité, et les dirigeants palestiniens doivent faire cesser les actes terroristes", soit exactement le discours de... Sharogne & C°)

ncore quelques jours après la sortie de Sarkozy, et les croix gammées couvraient les tombes juives du cimetière d'Herrlisheim. On tenait là un bonne validation du discours sur l'antisémitisme. Bien entendu, personne n'a eu le mauvais goût de remarquer que cela se passait dans l'unique région de l'Hexagone majoritairement de droite et d'extrême droite, et que les croix gammées ne sont pas précisément estimées des pro-Palestiniens. Mais peu importe : n'est-ce pas une nouvelle manifestation de la conjonction rouge-brun. D'autant que Le Pen est hors du coup, puisqu'il est pour Sharogne et les Juifs qui ne sont pas en France et, en plus, tuent des Arabes plus qu'il n'en a tué lui même. Ces Alsaciens sont seulement ses élèves qui n'ont pas compris l'astuce du tournant. Donc, toutes ces bricoles mises à part, Herrlisheim prouve l'antisémitisme français.

e 5 mai, Israël Singer, président du Congrès juif mondial, grand rabbin et universitaire "écouté autrefois par les présidents Johnson et Ford" (Ça vous en bouche un coin, non !) et qui vient de recevoir la Légion d'Honneur des mains du petit Sarkozy lui-même, devant la haute hiérarchie catholique, représentée par le converti Lustiger, a droit à la première page du Monde pour déplorer le "long passé d'antisémitisme" de la France "dont il faut s'occuper sérieusement". Naturellement, que ce soit la France de droite et catholique, de l'Affaire Dreyfus à l'Occupation, qui n'a jamais cessé d'être antisémite (et jusqu'à celle d'aujourd'hui qui libère le sinistre assassin antisémite Papon), contre une gauche et ses intellectuels dont les grands noms sont dans toutes les mémoires ; que ce soit la France, en sa Grande Révolution (haïe et vilipendée par toute notre droite et ses intellectuels postmodernes), à l'appel du conventionnel abbé (assermenté) Grégoire, qui ait fait des juifs des citoyens comme les autres, à la différence de quasi tous les autres pays européens, cela doit être ignoré par le grand citoyen rabbin du pays le plus raciste du monde, où ce sont des Noirs qui font la grande majorité des emprisonnés, des condamnés à mort et des exécutés, et qui garde en prison Mumia Abu Jamal, grand porte-parole de ces Noirs, dont le monde entier sait pertinemment qu'il est innocent du crime dont l'ont accusé des flics ripoux, couverts par des juges racistes.

l est triste que, dans Le Monde du lendemain, un certain Georges Marion (dont je veux croire qu'il n'a rien de commun avec celui que j'ai connu dans la LCR), ne rappelle pas ces petits faits dans son article "Antisémitisme européen, les signaux alarmants".

l est vrai que la "ligne" de ce journal ne peut faire de doute, et que, rendant compte de la manifestation du dimanche dans son numéro du 18 mai, comme tous les journaux télévisés du soir elle n'en retenait que l'aspect "retour de l'antisémitisme", n'évoquant l'extension à la lutte contre le racisme qu'en ces termes ironiques "la gauche a repris pied (sic) sur ce terrain tout en étalant ses états d'âme."

"tats d'âme !" On peut sans doute regretter que la gauche ne soit pas assez ferme à résister au chantage et à la mystification. Car, en dehors du saccage fasciste du cimetière d'Herrlisheim, où est ce "retour de l'antisémitisme" français, qui "sali le nom de la France" (rien que ça !) ? Une cinquantaine de personnes ont été interpellées pour antisémitisme en 2004. Quels actes et quelles personnes ? La question ne sera pas posée. Ce qu'on nous apprend, c'est qu'un jeune homme a utilisé des bombes factices à caractères antisémites (?!). On évoque des inscriptions, des injures de gamins... On a trouvé à la manif une grand-mère, "sioniste dans le sang", qui avoue, qu'"en vérité, je n'ai pas été agressée. Mais j'ai peur pour mes petits-enfants." Et puis un certain Alexandre Moïse, porte-parole en France du Likoud, se traitait lui-même de "sale youpin" et se déversait cent autres amabilités du même tonneau au téléphone. C'était un homme qui voulait que Dieudonné ne puisse plus s'exprimer.

ieudonné ! Je n'avais pas encore mis mon grain de sel dans son affaire. Quel acharnement contre son esclandre sur le plateau de ce petit minable de Fogiel! Même Charlie hebdo, dont l'humour est pourtant aussi délicat et plein de tact que celui qu'on reproche à Dieudonné, s'y est mis. Quel antisémitisme y avait-il à donner une image de l'intégrisme sioniste comme parfaitement comparable au nazisme ? Tout est là ! Céder sur Dieudonné, c'est entrer dans l'unité Sharoniens = juifs ! Je n'avais jamais entendu parler de Dieudonné avant. Son art n'est pas ma tasse de thé. Mais je lui dit ici : Je suis avec toi Dieudonné, contre tous les sharognards, petits et grands.

ertes, une école juive a été dévastée. Oui, mais aussi plusieurs mosquées brûlées. Des statistiques nous apportent la grave augmentation des bavures policières, sous le règne de l'adversaire de l'antisémitisme français, homme de la Sécurité parfaite, toujours ce petit monsieur Sarkozy. Et qui sont les victimes de ces bavures ? On ne nous donne pas le pourcentage de bronzés et de non-bronzés. Mais le journal quotidien nous permet d'avoir une idée. N'y aurait-il pas ici un profond racisme fort inquiétant ? De même dans la maltraitance dénoncée dans les "centres de rétention".
"86% des Israéliens estiment que l'antisémitisme est répandu en France." Comment le savent-ils ? Parce que leurs médias sharognards le leur ont dit. Mais nous, nous voyons tous les soirs sur nos écrans Tsahal en action, tuant des enfants qui jettent des pierres, détruisant des centaines d'habitations. Pas de racisme institutionnalisé et impliquant, sinon tout un peuple, du moins tout un État là dedans ? Mais nous savons aussi que cent mille pacifistes israéliens ont manifesté pour le retrait de Gaza. Nous ne mettons pas tous les Israéliens dans le même sac, tout en doutant, hélas! qu'ils soient la majorité.

ais élevons le débat : il y une unité entre la féroce politique coloniale de l'Etat d'Israël, portant le racisme qui va avec toute politique coloniale, et la guerre d'Irak, partie principale actuelle de la Guerre bushienne du Bien contre le Mal. Et il n'y a pas de doute que le Bien est chrétien, fondamentalement blanc et bourgeois-impérialiste, et qu'en face, le Mal est musulman ou assimilé, bronzé et... misérable. Le racisme porté par cette guerre mondiale est incontestable, et s'est bien manifesté dans les pratiques de tortures des services de M. Rumsfeld, malgré les marionnettes "oncle Tom" (ou tantes), agitées sur le devant de la scène, et les pauvres troufions noirs qui ne savent pas ce qu'ils font.

t c'est pourquoi l'anti-racisme n'est qu'un "état d'âme" quelque peu ridicule... à moins qu'il ne s'agisse de la dénonciation de l'immense forêt que l'on veut cacher avec le mythe du "nouvel antisémitisme européen". CQFD.

A propos : Il faut lire Bush à Babylone - La recolonisation de l'Irak, de Tariq Ali (la Fabrique éditions). On en apprend, dans ce livre, des choses que l'on ne savait pas, ou mal, sur l'histoire de l'Irak en ses rapports avec nos pays démocratiques.