20 novembre 2004
Notre rédaction s'excuse pour son long silence, dû à des circonstances étrangères à notre volonté

NON!

Non ! à cette pseudo-Constitution, carcan des peuples européens !
Non ! à l'acceptation de l'esclavage sous le joug néo-libéralo-capitaliste !
Non ! à un diktat d'enfermement sans porte de sortie. (puisque modifiable seulement à l'unanimité des Etats constituants, et alors que leurs systèmes électoraux, tous divers, sont dans nombre de cas de moins en moins démocratiques, à commencer par celui de la France)
Non ! enfin à l'acceptation de tous les reculs, de traité en traité, qui ont annulé toutes les conquêtes — en particulier celles du service public —, imposées par la vraie gauche, celle du monde du travail, dans les décennies précédant cette Europe du Capital.

Il est temps que la France se réveille et retrouve son rôle d'avant-garde de l'Europe, que Marx saluait en elle il y un siècle et demi., et dise NON ! à la Nouvelle Sainte Alliance!
Il est temps, avant qu'il ne soit trop tard, et qu'un pas irréversible nous fasse rejoindre dans la barbarie les Etats-Unis de Bush. Car déjà, c'est en ce sens que se dirige la majorité de droite de l'Europe technocratique.

Il est temps, et c'est possible ! Puisque, déjà, même dans ce PS dont le social-libéralisme à contribué au premier chef à creuser le précipice, bien des têtes — dont il faut espérer qu'elles seront majoritaires — s'aperçoivent qu'elles vont y tomber comme dans un panier de guillotine.
C'est possible, puisqu'un référendum efface toutes les nuances et les contradictions secondaires, et que l'opposition à la réaction capitaliste est majoritaire, bien que les élections, par leurs trucages anti-démocratiques (scrutins majoritaires à deux tours, régionalisation des européennes, etc.) l'empêche de se manifester avec efficacité.

Un NON ! majoritaire de la France, obligerait à une renégociation, et d'une véritable Constitution, en entraînant le réveil des peuples encore endormis. Ce pourrait être un premier pas dans la lutte pour une AUTRE EUROPE, vraiment démocratique, établissant l'égalité sociale de ses citoyens au niveau le plus élevé, et soumettant l'économie au politique.

Sinon ? Regardons de l'autre côté de l'Atlantique ce qui nous menace :

La réélection truquée de M. Bush

Doubleyou Bush a été réélu. Ce fut une stupéfaction ! Il y avait eu une ruée d'inscriptions d'électeurs nouveaux, par millions d'anti-Bush, infiniment plus nombreux que les nouveaux électeurs chrétiens fanatisés. Certes, cela ne faisait encore que 56% du corps électoral. Mais, pour une fois c'était une majorité.
Notre presse et nos télés, unanimes, ont expliqué la victoire : Kelly pas convaincant… la sécurité... Il y avait eu des contrôles partout, et en particulier en Floride. Et d'ailleurs les démocrates ont accepté le verdict des urnes ! Foutaises !
En 2003, une information du britannique The Independent nous avait appris que les trois grands fabricants de machines à voter Diebold, Sequoia et ESS, sont tous trois des "contributeurs" importants du Parti républicain, et que déjà, aux élections de mi-mandat de novembre 2002, les bastions démocrates que sont la Georgie, l'Alabama, le Colorado, le Minnesota, l'Illinois, le New Hampshire, où avaient été implantées les machines de ces firmes, avaient été emportés haut la main par les républicains, et à la stupéfaction des sociologues.
Résultat incontestable… puisque les programmes informatiques utilisées par ces machines sont des secrets commerciaux inviolables, et que leur accès est interdit à des experts indépendants, et même aux États qui les ont achetés. Elles avaient bien fait ce pour quoi elles avaient été fabriquées. Et d'ailleurs, pas gêné, le patron de Diebold s'était engagé à "aider l'Ohio à donner ses voix aux Président." Non seulement cela n'a pas fait de scandale aux Etats-Unis, mais en France, seul le Courrier international a donné l'information… sans autre écho que dans Politis !
C'était mieux que les manipulations de la Floride du frangin Bush, en 2001, tellement grossières qu'ils avait fallu accepter quelques mini-recomptages, et finalement couvrir le tout par la validation du trucage par la Digne et Incontestable Cour Suprême.
Cette fois, le chef-d'œuvre a été atteint. Tous ceux qui ont pu assister à la retransmission télévisuelle de cette élection ont pu remarquer deux phénomènes étranges. Tout semblait annoncer la victoire de Kerry et confirmer l'effet de l'élévation de la participation électorale, en particulier du fait d'une jeunesse, en grande majorité favorable aux démocrates, essentiellement d'ailleurs par hostilité à Bush ; dans le même temps les républicains annonçaient tranquillement leur certitude de la victoire de Bush qu'ils attendait au coin du feu. Effectivement, le lendemain, on annonçait que c'était lui qui était élu avec une confortable avance en voix. La presse du lendemain expliquait le phénomène par le double effet du religieux et du sécuritaire, et la confiance de Bush lui-même par sa foi profonde en la Providence Divine.
Le Monde du 11 novembre, par la voix de sa correspondante Corinne Lesnes, apporte un autre élément d'explication Trois parlementaires démocrates ont réclamé une enquête officielle sur "l'efficacité des machines à voter et des nouvelles technologies" employées pendant ces élections. Et en effet, il y a encore eu quelques bavures : dans l'Ohio qu'on assurait devoir donner une majorité à Kerry "des électeurs qui voulaient voter pour John Kerry ont vu systématiquement le vote se porter sur son adversaire. Dans le comté de Broward, une machine s'est mise à retrancher les votes plutôt que les additionner." "A Colombus, une machine électronique a donné 3893 voix à Bush, alors qu'il n'y avait que 600 votants." Dans celui de Warren on a fermé au public le bâtiment où se déroulait le décompte des voix. Dans 29 comtés de Floride à majorité démocrate c'est Bush qui a reçu les voix. Les votes étaient là uniquement électroniques, sans trace papier "Le comté de Baker, où 69 % des électeurs sont inscrits comme démocrates, a voté à 77% pour le président Bush. Le comté de Calhoun, à 82 % démocrate, a voté républicain à 62 %… M. Bush a remporté l'État avec 381 000 voix d'avance." Avec tout cela, les parlementaires qui lèvent le lièvre ne demandent pas le recommencement des élections. On est sérieux aux Etats-Unis. On peut faire un scandale énorme avec les petites culottes de la secrétaire de Clinton, mais un trucage électoral portant sur des millions de voix organisé par les "hommes du Président". Non ! Que penserait le monde ? La foi profonde de Bush était bien fondée : Dieu, qui revient en force dans toutes nos démocraties, a déserté les yeux pleureurs de la Vierge et le sang des ampoules sacrées pour se mettre dans les machines et les faire voter dans le bon sens.

Conséquences

Donc, personne ne moufte dans le beau monde international. Même pas pour décider de tenir la dragée haute à cet élu façon "république bananière" améliorée. Au contraire, on nous assure que maintenant qu'il est assuré de son pouvoir, Bush va être gentil avec ses alliés européens, et que le durcissement à droite de son gouvernement ne va pas empêcher qu'il en appelle à l'ONU pour régler les problèmes de l'Iraq.
En fait, c'est là comme une préparation à la capitulation devant le César du super-impérialisme, dont la seule solution pour sortir du bourbier, c'est que ce soit d'autres que les soldats US qui se fassent tuer par la résistance irakienne. La seule difficulté de ce programme, c'est que sa "coalition" elle-même s'effrite, que les peuples des gouvernements "béni-oui-oui" renâclent. Notre belle droite européenne va donc avoir un peu de mal à se coucher devant l'élu des machines, surtout si n'est pas votée sa Constitution qui doit lui permettre de dire "merde" aux peuples râleurs.
La guerre d'Iraq va donc continuer, avec ses monstruosités, et ses crimes de guerre (exceptions... puisqu'ils ne sont qu'exceptionnellement filmés !). À noter que de même que la guerre de destruction de l'Iraq a été faite pour détruire ses armes de destruction massive, la destruction de Fallouja (nombre de morts civils inconnu) a été menée pour se saisir de l'Al-Qaida Zarkaoui, lequel est resté introuvable ainsi que son millier de miliciens étrangers au pays. À se demander s'il n'est pas aussi imaginaire que les armes de destruction massives.
Quant à ceux qui pensent qu'un apaisement peut venir, la mort d'Arafat aidant, d'un tournant à l'égard d'Israël sur la Palestine, ils se mettent le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Le mythe d'un Arafat obstacle à la paix était construit pour exiger un gouvernement palestinien faisant la guerre au Hamas et à la Djihad islamique, c'est-à-dire menant une guerre civile palestinienne qui se serait soldée par le fin de tout espoir d'un Etat palestinien et l'établissement du Grand Israël des rêves sionistes.
Bush nourrit encore ce rêve, et Sharon l'entretient dans l'exigence d'un tel pouvoir palestinien de guerre civile. C'est dire que tout va continuer comme avant. Et notre Europe libérale ? Elle va continuer à pleurer sur "les violences des deux côtés… mais, enfin, surtout du côté palestinien !"