Car quelle belle unanimité du « oui » dans et sur tous les médias, plus merdias que jamais. Jamais on navait vu une si belle démocratie, réduite à sa plus simple expression. Si le Non na pas la parole, on en parle en langage « ouiste » : on le déplore, on le ridiculise, on cherche à le comprendre dans notre psychologie vicieuse historiquement bien connue, dans notre ignorance crasse du (double) langage des 448 articles (+ les annexes et le Livre Blanc qui les explicite) dun traité qui nest pas une constitution tout en en étant une, dans notre myopie franco-française et la mauvaise humeur dAstérix qui va avec contre les excellentes (contre) réformes de MM Chirac-Raffarin. Jen passe et des meilleurs.. Ayant atterré, ni plus ni moins, dans Le Monde, du 22 avril, M.Bino Olivi, qui fut porte-parole de la Commission européenne de 1961 à 1978 et qui enseigne lhistoire de la construction européenne aux universités de Padoue et de Rome III (hein ! ça vous en bouche un coin !), nous avons, le jour suivant, dans le même journal, franchement mérité le mépris hénaurme dune Raphaëlle Bacqué qui nous psychanalyse et fait sur nous des découvertes prodigieuses : notre haine de médiocres pour les « élites » (car cest le titre que saccordent tous les puissants du fric et du pouvoir qui va avec). Elle a bien vu, cette finaude, que nous nous en prenions au système. Et elle a découvert cette chose extraordinaire : les tenants de gauche et de droite à ladite Constitution ont des raisons diamétralement opposées de sy opposer. Sa science ne va pas jusquà savoir quil en va ainsi à chaque fois que lon demande de répondre par un oui ou par un non à une question vicieuse, et que cest en cela que les référendums sont une pratique contraire de la démocratie, de même que, par exemple, le type délection à la présidence de la République qui a permis à un Chirac à 19% dêtre élu avec 82% des voix. La Constitution de la Ve République fut le résultat dun coup de force, Votre Constitution, Mme Bacqué, est plutôt du genre rusé : un salmigondis ultra-libéral, où il est vrai que les travailleurs, qui sont de gauche, se voient aussi menacés que les petits commerçants, artisans et autres petits-bourgeois qui votent traditionnellement à droite, voire à lextrême droite. Quant à lEglise catholique, à loffensive, sil est vrai quelle aurait voulu que lEurope soit baptisée Chrétienté, il nen reste pas moins quelle est pour linstant parfaitement « ouiste ». Non, Mme Bacqué, notre vote nest pas dagacement, contre « les interdits sur le tabac, lalcool et la vitesse (sic ! elle a dit ça !), mais bien contre votre « domination » du Capital le plus cynique et de ses serviteurs dans votre genre. Oui, nos votes pour le PS nont été que des votes de moindre mal, le plus souvent à contrecur, pour des représentants qui ne nous représentaient plus, mais que des systèmes électoraux anti-démocratiques ne permettaient pas de chasser. Tandis que ce référendum nous permet, non de donner un « coup de balai » (hélas ! cela nira pas jusque là ), mais, en revanche, un coup darrêt, non seulement, ici, à la politique de droite qui, effectivement na tenu « aucun compte » des manifestations et des consultations électorales, mais de la nouvelle Sainte Alliance européenne, à laquelle nous opposerons ici,dabord, mais demain dans toute lEurope, une vraie gauche enfin recomposée.
Comme, à linverse des médias, nous sommes vraiment démocrates, notre tribune du NON, va donner ci-dessous toutes les raisons de voter oui :
- Il faut voter « Oui » parce que la Constitution proclame le « droit de travailler » (parce que jusquici tout le monde nen avait pas le droit !) et même de travailler 48 heures par semaine, voire plus si votre patron vous le propose gentiment en vous expliquant que, si vous nacceptez pas, il se verra dans la pénible obligation de délocaliser chez les plombiers polonais que lon paie deux à trois fois moins cher, selon le cur de M. Bolkestein.
- Il faut voter « Oui » parce que la Constitution garantit à « la personne, le droit à la vie » (parce que jusquici vous naviez pas ce droit). Et nayez pas la mauvaise idée de vous dire que cest là la formule des commandos anti-IVG et de feu notre saint Père le pape Jean-Paul 6da en son Mein Kampf. Non, non, cela veut dire simplement quon na pas le droit de vous tuer sauf accident lors dune bavure.
- Il faut voter « Oui » pour avoir des Services dintérêts généraux, qui rapportent à leurs actionnaires, au lieu de ces Services publics qui peuvent coûter plus quils ne rapportent, pour peu quon les accorde à toutes sortes de miteux qui ne peuvent pas payer, tels ces « sans papiers » de lhôtel Paris-Opéra, dont on ne sait même pas sils payaient leur nuit à raison de la somme minime de 15 à 20 euros, électricité non-comprise, et quon avait donc bien raison de laisser séclairer à la bougie. (Et quon ne nous dise pas que cest pour cela quil y eut cet incendie et cette vingtaine de morts. Cela, cest laccident, et nous tenons déjà une coupable qui néchappera pas à la justice. Non ! Non ! je ne parle dEDF, voyons !).
- Il faut voter « Oui » pour avoir une vraie Défense européenne. Autonome, oui. Mais aussi intégrée à lOTAN. Et il y aura un ministre des Affaires étrangères. Ce qui évitera les « couac », tels ceux du déclenchement de la guerre dIrak. Plus de divisions. Ce qui nous promet dêtre sans disparité demain dans le camp du Bien, et davoir le bonheur et lhonneur de participer aux guerres pour la démocratie de notre grand Allié.
Si jen ai oublié, jy reviendrai. Il ne faut reculer devant aucune des bonnes raisons de voter « Oui » !
- - Oui, avec M. le baron Sellière, de son Chérèque et de ses Sarkozy !
- Oui, avec MM. Chirac, Raffarin, Barroso, Bolkestein, Berlusconi, Blair
- Et Oui avec M.Hollande ! (Qui cest celui-là. Attendez que je prenne ma loupe). Ah ! oui : le brillant et digne successeur de M.Jospin qui mena son parti à la déroute du 21 avril, celui qui avait discuté en tête-à-tête avec le baron de la manière darranger les trente-cinq heures à la sauce Médef, et qui nhésite pas à revenir sur lestrade pour donner des leçons à ceux qui, eux, ont tiré des leçons de ce 21 avril, celui qui nhésite pas à leur dire, comme le faisaient naguère MM Staline, Thorez et C° à leurs propres opposants, que lon ne saurait avoir raison contre son parti !
Si toutes ces bonnes raisons de voter « Oui » avec ces « Elites » ne vous ont pas convaincu, je me demande ce quils vous faut.
Ah ! si, jallais oublier : Il ny a pas de projet alternatif ! On est menacé de tomber dans le vide, comme ces marins du Moyen Age qui nosaient pas naviguer sur la Terre plate jusquau bout de lOcéan.
Mais voilà que le front du NON, en jette les bases, dune alternative. Du moins dun point de re-départ dans la bonne direction, vers une Europe digne de ce nom, sociale et démocratique.
La grande probabilité de la victoire du « Non » place tout léventail de la gauche devant une responsabilité cruciale : celle de maintenir son unité. La gauche du PS doit comprendre que ce parti ne peut plus être laxe de la gauche. Déjà, dans sa droite, on pèse les risques de la victoire du Non et certains avancent déjà un « Réconcilions-nous Folleville ». Y céder mettrait en péril les effets de la victoire. Ce sont les forces réelles surgies de la base qui doivent donner forme à la refondation. Et celle-ci doit être comprise au plein sens du mot sur tout le champ du camp du Non : cest dans une fusion des forces, sans exclusives, concessions, manipulations, ultimatums, petits calculs électoraux que les victoires ultérieures sont possibles.
Petit ajout de dernière heure
La « concurrence libre et non faussée » est la philosophie de la Constitution européenne. Mais attention ! Ce qui doit être la règle dor à lintérieur de lEurope :ne vaut pas à lextérieur, et surtout pas dans le cas de la concurrence des textiles chinois. Des prix obtenus avec une main-duvre à bas prix, cest valable entre lEst et lOuest de lEurope, puisque ce sont des capitalistes européens qui en profiteront et que les dégâts pour les travailleurs de lOuest sont sans importance. Mais le principe sacré ne vaut pas si ce sont les capitalistes chinois qui en profitent aux dépens de ceux de lEurope. Mettez-vous bien dans la tête cette leçon de morale économique.
PENDANT QUON CELEBRE LES GENOCIDES DHIER
Au Darfour, depuis plus de huit mois, les ultimatums sont lancés contre les génocideurs soudanais du Darfour. Mais cela continue, sans que les gesticulations européo-américano-onusiennes ne troublent le gouvernement du Soudan. Soyez tranquilles, et sûrs que, dans cinquante ans, on exigera fermement que le Soudan demande pardon, et quon élèvera des monuments en marbre pour que de rares survivants viennent les fleurir.
Et à propos , le génocide du Rwanda ?
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