Tandis que, pour les Ouis-titis, tous les moyens sont bons pour essayer denrayer la prise de conscience du sale coup de leur Contitution.
400 millions deuros sont pris aux finances publiques, en particulier par des petits cadeaux aux agriculteurs, aux routiers, aux restaurateurs
( plus des promesses pour après, si vous votez bien, mais dont vous pouvez être sûrs quon les oubliera, mais pas les augmentations du gaz et autres qui attendent laprès 29 mai). Quel bel effort pris dans nos poches pour contrer notre campagne populaire financée avec nos pauvres moyens
+ quasi tous les médias et toutes les chaînes de télé (le débat étant « démocratiquement » de 90% pour le oui et 10% pour le Non),
+ lenvoi à tous les électeurs dun texte illisible par sa masse et incompréhensible par sa construction et son langage, mais précédé du feuillet, qui sera lu par tous, et menteur comme le boniment dun vendeur de produit miracle pour laver plus blanc tout en réparant vos chaussettes,
+ la grande parade des personnalités, en particulier de ces eurocrates des 25 pays, tous pourvus de titres plus ronflants les uns que les autres (mais avez-vous pensé à ce petit problème de revenus : si un plombier polonais gagne dix fois moins quun plombier français, et que la Constitution a prévu que les frontières des salaires resteront sacrées, les eurocrates,eux, ont des très hauts salaires sans frontières).
Mais comme tout ça pourrait ne pas suffire aux gens qui réclament des explications, la campagne de la peur sest mise au point :
- - Si le Non lemporte, disent ces Ouis-titis - qui, comme Chirac sont devenus soudain de farouches anti-libéraux, terrorisés par les libertés sans mesure de la finance internationale et des multinationales -, vous naurez plus les beaux grands principes abstraits de la Constitution, mais restera ce qui est dans la partie III, laquelle reprend tous les traités antérieurs, tous plus libéraux les uns que les autres, en particulier celui de Nice. Argument merveilleux ! Ces traités quils nous ont fait avaler comme meilleurs les uns que les autres, sans nous demander notre avis, ils les dénoncent maintenant. Mais
ils les ont mis dans la Constitution où ce ne sont pas les « grands principes » qui les gêneront ! Et dautre part, ils oublient que les traités sont tous modifiables, tandis que la Constitution ne lest pas. Exemple parfait quils nous prennent pour des billes.
- Plus fort : Si le Non lemporte, la France se met en dehors de lEurope. Nous serons réduits à redevenir un pauvre petit pays misérable, montré du doigt par les 24 autres, groupés en une puissante Europe (plus lOTAN). Cest déjà supposer que nous serons seuls à voter Non, bien quon lattende de plusieurs autres pays, dont les Pays-Bas, comme la France pays fondateur. Mais supposons que nous soyons seuls. La Constitution à la poubelle, tout resterait comme avant : la Grande-Bretagne prendrait la présidence de lUnion, elle qui est dans lEurope sans être dans la zone euro, est opposé à lindépendance de la défense européenne et pour le tout OTAN, et dont la démocratie est telle que Blair vient dy être réélu avec 37% des voix de 60% de son corps électoral, ce qui lui donne une majorité absolue (sic). Tout serait donc pareil. Sauf que notre Non aurait tout changé, et que toute la gauche des peuples qui na pas eu le droit de sexprimer se joindrait à nous pour en faire un départ. Pour une véritable Europe. - Mais, hurlent nos ouis-titis, cest quil ny a pas de re-négociation possible de cette Constitution, pas de « plan B » (comme ils appellent ça) ! Cest même le seul argument que Joshka Fisher a trouvé à opposer à Jean-Luc Mélenchon dans leur débat du Monde du 7 mai : cest un compromis, cette Constitution, voyez-vous : on ne pourra rien y changer étant donné ce que sont ces pays et leurs gouvernements ! Il faut la voter, et on verra à laméliorer dans quinze ans ! Parce quils se figurent que ce que nous voulons avec notre Non, en France et dans toute lEurope, cest que les mêmes, avec leur Giscard que, pour notre part, nous avons chassé, se remettent au boulot pour changer des virgules ? Non, une Constitution, cela doit être fait par une assemblée constituante, élue dans les 25 pays au suffrage universel proportionnel, selon les mêmes règles partout, et qui élabore une Constitution, pas un fourre-tout où léconomique prime le politique et le social, où les principes de droit les plus avancés simposent, et qui soit modifiable si on ne peut aller assez loin dans un premier temps, alors que celle que lon nous propose ne peut être modifiée que par le haut, et à lunanimité, soit à la disposition des Etats les plus rétrogrades
Ce que les Ouis-titis (en particulier les socialistes en peau de lapin) sobstinent à cacher. Révisables furent toutes les Constitutions du passé dans les pays démocratiques. Et sil nest pas possible dimposer immédiatement une Constitution démocratique, il faudra commencer par arracher de nouveaux accords, voire de nouveaux traités européanisant des progrès successifs de lharmonisation sociale. Limportance du vote Non, cest précisément de donner un coup darrêt à une stabilisation de lorganisation capitaliste libérale de lEurope, et douvrir la voie à une entrée en force du monde du travail dans la construction dune véritable Europe, selon notre propre alternative programmatique, proposée au débat des grandes masses du monde du travail.
- Dernier truc : la victoire du Non serait celle des souverainistes, des fascistes, de Le Pen ! Tous les sondages montrent que le Non qui progresse et domine est celui de la gauche pour une autre Europe que celle du fric . Les Le Pen et les De Villiers le savent dailleurs, ce pourquoi ils mettent la pédale douce à leurs propres revendications et reprennent une partie de celles de la gauche contre lultra-libéralisme, parce que leur clientèle ordinaire se sait menacée par le grand Capital autant que les travailleurs de la terre (menacés de mort par lindustrie agraire, les OGM, etc.), des entreprises (qui attendent, sinon de pouvoir librement délocaliser en Europe de lEst, du moins bloquer les salaires et augmenter les temps de travail), des services publics détruits, et autant que les femmes qui savent que capitalisme rime avec patriarcalisme. Une militante mécrit en me faisant judicieusement observer que cest la victoire du Oui, qui peut servir lextrême-droite par la démoralisation des travailleurs et même de la gauche, et que cest pour cela que la campagne fasciste se fait mollement, et avec des arguments copiés de la gauche.
Il y a aussi quelques arguments positifs qui valent le détour :
On a vu ainsi vu apparaître largument de la paix. Cest grâce à lEurope, voyez-vous, que nous navons pas eu de nouvelle guerre européenne. On ne sétait pas aperçu que nous avions échappé à
quoi ? Une nouvelle guerre franco-allemande ? Comme si les peuples avaient quelquefois voulu une guerre ! Comme si les dernières navaient pas été celles des impérialismes qui se battaient pour le partage du monde à exploiter. Ils ont préféré sarranger pour exploiter le Tiers Monde en bonne alliance. En revanche, nous ne voyons pas que notre Europe ait empêché les guerres de Yougoslavie, ni la guerre de lAngleterre dans sa colonie dIrlande du Nord, ni dans les néo-colonies africaines, ni sa participation à la guerre de lOTAN dans le Golfe. Par ailleurs notre Europe soutient Sharon dans sa guerre coloniale en Palestine. La paix entre les Etats de lUnion européenne na donc pas empêché ses guerres dimpérialismes, ce à quoi sopposerait une Europe sociale.
Un argument contre cette Constitution nous avait échappé. Si les lois du marché (et donc de lexploitation du travail quils envisagent de pouvoir élever jusquà 60 heures) y sont sans entraves et non faussées, applicables par dessus toutes les frontières intérieures, en revanche le droit des travailleurs de se défendre contre lexploitation est strictement enfermé dans lesdites frontières. Jean Gersin, dans son éditorial dImpac, organe CGT des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication, signale quune grève européenne est rendue impossible par la Constitution du fait que son article III-210 précise que de telles actions parallèles ne sappliquent « ni au droit dassociation, ni au droit de grève
» mais relève des législations nationales.
Et la culture ? Nous avions signalé que, dans lappel des Ouis-titis à laide des gens de culture, sétaient fourvoyés, au milieu des réacs ordinaire du genre Finkelraut et des bouffons de Sa Majesté, quelques réelles valeurs qui vieillissent mal, et en particulier un Jacques Le Goff, que je croyais égaré en nostalgie de Chrétienté médiévale. Je me trompais. La leçon de lEcole des Annales, cest la découverte de « lhistoire lente » Et sur cette base, il a expliqué à Télérama que nous devions nous attendre à un vrai Moyen Age néo-libéral : « La loi de lhistoire cest la lenteur. Lerreur commune à tous les partisans du « non », cest de vouloir quelque chose qui est irréalisable maintenan. Comment espèrent-t-ils disposer de suite dun texte constitutionnel fondamentalement social alors que lensemble des gouvernements et des électeurs des nations votantes est pour une économie de marché, allant dun libéralisme affirmé à une social-démocratie prudente. » Il sest bien perdu dans ses siècles obscurs, et y a perdu en même temps ce quil avait su de marxisme, à savoir quau-dessus de lhistoire lente, il y a lhistoire événementielle, qui sest accélérée, et les sauts dialectiques qui en précipitent le cours.
Un tel saut aura lieu. Surtout si le Non lemporte. Mais même si par malheur le matraquage médiatique réussirait à lui faire obstacle, cela narrêtera pas le front européen du Non qui déjà se dessine avec :
- lAppel des 1000 féministes dEurope (ife-efi@noconstitution.org)
- lAppel des 200 Européens (elgauthi@internatif.org)
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