La victoire du NON restera dans lhistoire comme un tournant historique.
Elle est, à bien des égards, un phénomène sans précédent. Jamais, tout le peuple travailleur, des paysans aux chercheurs scientifiques de haut niveau navait ainsi régi dans lunité totale contre la quasi-totalité des partis institutionnels, armés dun appareil médiatique monopoliste, pratiquant un matraquage idéologique, lui aussi sans précédent. Depuis des décennies, le Capital européen, sous son masque « libéral », accumulait les traités pour construire une Europe soumise à sa domination absolue, détruisant les services publics, abolissant les réformes démocratiques arrachées en plus dun demi-siècle (et certaines durant tout le XXe siècle) par des contre-réformes, annoncées comme exigées par la modernité, créant des monopoles géants au nom de la « concurrence », marchandisant tout dans le cadre de la mondialisation, le tout au mépris de la vie sociale, et tout simplement humaine, ainsi que de lenvironnement écologique. Des systèmes électoraux truqués avaient permis lédification de cet édifice sans consultation des peuples. Il ne restait plus quà couler tout cela dans le béton dune Constitution irrévocable. Laffaire était dans le sac.
En France, la Constitution gaulliste de coup dÉtat, loin davoir été abolie par le PS, comme il lavait promis jadis, et quil laurait pu quand il avait eu la majorité absolue sous Mitterrand, fut rendue encore plus présidentielle par limbécile Jospin qui imposa lélection du Président avant les législatives. Il y gagna sa défaite honteuse du 21 avril 2002, lélection à 82 % dun Chirac à 19 % au premier tour, avant que le scandaleux vote majoritaire à deux tours nous conduise vers le bipartisme. Il ne restait plus au gouvernement chiraquien quà régionaliser lélection européenne (sans aucune opposition notable des partis) pour croire que la démocratie était bien définitivement muselée. Mais ils étaient trop sûrs de leur monopole du pouvoir et des médias ainsi que de la social-libéralisation de leur opposition respectueuse.
Chirac nous prit pour des veaux (selon le mot de De Gaulle) et choisit de nous interroger par référendum, ce que ses partenaires hexagonaux comme européens ne vont plus cesser de lui reprocher. Les « veaux » se sont révélés des femmes et des hommes dignes de leurs ancêtres. Nos journaux précédents ont suivi pendant des mois ladmirable auto-mobilisation de tout un peuple, saisissant ce moyen inespéré dexpression enfin ! pour donner un premier coup darrêt à la ruée vers le pouvoir absolu du Capital sur lEurope.
Il est remarquable, que contrairement aux cris menteurs des euro-ouistes, le Non français a retenti dans toute lEurope. La Hollande nous a suivis. Belges, Allemands nous ont dit que sils avaient pu voter, ils lauraient fait comme nous. Les euro-ouistes le savent si bien que, dans leur panique, ils arrêtent les consultations, en attendant de trouver un moyen de sen passer. Blair, lhomme qui avait réussi au chantage à imposer les mesures les plus réactionnaires de la Constitution, et qui espérait quun « oui » obtenu par les 24 autres atténuerait le « non » attendu de sa Grande-Bretagne, sest dépêché dannuler son référendum perdu davance. Il gagne à tous les coups, ce valet de Bush, pilier de lOTAN, et qui va présider pendant six mois une Europe dont son pays na pas adopté la monnaie, et qui ne veut pas payer sa part de son budget.
Admirable Europe des « ouistes » ! Depuis des mois, ils nous donnaient des leçons desprit et de patriotisme européens. Mais notre coup de pied au cul encaissé, les voilà qui se chamaillent comme des chiffonniers à qui paiera le moins et recevra le plus, sur la responsabilité du capotage de leur Constitution de merde, sur les moyens de nous arnaquer, en particulier en divisant les peuples, et pour maquiller les pratiques dexploitation à la Bolkestein qui se sont brutalement révélées à la faveur de létude de leurs textes.
Laissons-les pour linstant à leurs chienneries. Ce qui est important pour nous cest de « transformer lessai ». Et pour cela, il faut :