20 juin 2005

Consolider et
assurer la victoire


          La victoire du NON restera dans l’histoire comme un tournant historique.

          Elle est, à bien des égards, un phénomène sans précédent. Jamais, tout le peuple travailleur, des paysans aux chercheurs scientifiques de haut niveau n’avait ainsi régi dans l’unité totale contre la quasi-totalité des partis institutionnels, armés d’un appareil médiatique monopoliste, pratiquant un matraquage idéologique, lui aussi sans précédent. Depuis des décennies, le Capital européen, sous son masque « libéral », accumulait les traités pour construire une Europe soumise à sa domination absolue, détruisant les services publics, abolissant les réformes démocratiques arrachées en plus d’un demi-siècle (et certaines durant tout le XXe siècle) par des contre-réformes, annoncées comme exigées par la modernité, créant des monopoles géants au nom de la « concurrence », marchandisant tout dans le cadre de la mondialisation, le tout au mépris de la vie sociale, et tout simplement humaine, ainsi que de l’environnement écologique. Des systèmes électoraux truqués avaient permis l’édification de cet édifice sans consultation des peuples. Il ne restait plus qu’à couler tout cela dans le béton d’une Constitution irrévocable. L’affaire était dans le sac.
          En France, la Constitution gaulliste de coup d’État, loin d’avoir été abolie par le PS, comme il l’avait promis jadis, et qu’il l’aurait pu quand il avait eu la majorité absolue sous Mitterrand, fut rendue encore plus présidentielle par l’imbécile Jospin qui imposa l’élection du Président avant les législatives. Il y gagna sa défaite honteuse du 21 avril 2002, l’élection à 82 % d’un Chirac à 19 % au premier tour, avant que le scandaleux vote majoritaire à deux tours nous conduise vers le bipartisme. Il ne restait plus au gouvernement chiraquien qu’à régionaliser l’élection européenne (sans aucune opposition notable des partis) pour croire que la démocratie était bien définitivement muselée. Mais ils étaient trop sûrs de leur monopole du pouvoir et des médias ainsi que de la social-libéralisation de leur opposition respectueuse.
          Chirac nous prit pour des veaux (selon le mot de De Gaulle) et choisit de nous interroger par référendum, ce que ses partenaires hexagonaux comme européens ne vont plus cesser de lui reprocher. Les « veaux » se sont révélés des femmes et des hommes dignes de leurs ancêtres. Nos journaux précédents ont suivi pendant des mois l’admirable auto-mobilisation de tout un peuple, saisissant ce moyen inespéré d’expression – enfin ! – pour donner un premier coup d’arrêt à la ruée vers le pouvoir absolu du Capital sur l’Europe.
          Il est remarquable, que contrairement aux cris menteurs des euro-ouistes, le Non français a retenti dans toute l’Europe. La Hollande nous a suivis. Belges, Allemands nous ont dit que s’ils avaient pu voter, ils l’auraient fait comme nous. Les euro-ouistes le savent si bien que, dans leur panique, ils arrêtent les consultations, en attendant de trouver un moyen de s’en passer. Blair, l’homme qui avait réussi au chantage à imposer les mesures les plus réactionnaires de la Constitution, et qui espérait qu’un « oui » obtenu par les 24 autres atténuerait le « non » attendu de sa Grande-Bretagne, s’est dépêché d’annuler son référendum perdu d’avance. Il gagne à tous les coups, ce valet de Bush, pilier de l’OTAN, et qui va présider pendant six mois une Europe dont son pays n’a pas adopté la monnaie, et qui ne veut pas payer sa part de son budget.
          Admirable Europe des « ouistes » ! Depuis des mois, ils nous donnaient des leçons d’esprit et de patriotisme européens. Mais notre coup de pied au cul encaissé, les voilà qui se chamaillent comme des chiffonniers à qui paiera le moins et recevra le plus, sur la responsabilité du capotage de leur Constitution de merde, sur les moyens de nous arnaquer, en particulier en divisant les peuples, et pour maquiller les pratiques d’exploitation à la Bolkestein qui se sont brutalement révélées à la faveur de l’étude de leurs textes.
          Laissons-les pour l’instant à leurs chienneries. Ce qui est important pour nous c’est de « transformer l’essai ». Et pour cela, il faut :

  • - Que l’unité du « camp du Non » se maintienne, et sans exclusive, c’est-à-dire que les problèmes des partis (ou fractions de partis) du non, et en particulier leurs problèmes électoraux, ne viennent pas interférer dans et contre cette unité qui les dépasse.
    - Que ses collectifs se mettent à travailler sur ses exigences revendicatives de toute nature pour qu’un programme puisse en sortir d’Etats généraux. (On entend dire parfois dans les collectifs que beaucoup de choses nous différencient. Il est beaucoup plus vrai de dire que l’essentiel nous unit, et que la plupart des revendications de chaque groupe social de notre unité est compatible avec celles des autres. Il suffira la plupart du temps d’en discuter pour se mettre d’accord).
    - Enfin que ce que nous faisons s’étende dans toute l’Europe comme l’opposition sociale et politique aux institutions et aux forces du Capital européen.
    Vaste programme ! Mais réalisable. Nous y reviendrons en en examinant les étapes

Florence Aubenas et Hussein Hanoun

          Notre Journal n’avait dit mot de cette prise d’otages, de la longueur de leur détention, et de l’étonnant silence sur les mesures prises pour obtenir leur libération, si ce n’est des manifestations dont il était évident que les preneurs d’otages se moquaient comme d’une guigne. C’est que nous soupçonnions tout ce que vient de vérifier la fin du drame, à savoir qu’il s’agissait de rançonneurs qu’il s’agissait de payer, et que c’est parce que la France a marchandé la libération que la détention a duré 157 jours, tandis que les Italiens et les Roumains payaient plus vite.
          On a ainsi fait une affaire politique et de résistance au « terrorisme », là où il n’y a qu’une conséquence mafieuse de la situation de chaos d’un malheureux pays ou des gens innocents meurent chaque jour dans l’indifférence générale du fait de la guerre du pétrole de Bush.

Le Journal intempestif est heureux
de vous annoncer la parution de


LE TROTSKISME
UNE HISTOIRE SANS FARD

De son rédacteur
Michel Lequenne
Editions Syllepse - 24 Euros