Celle du PS
UNITE ! Il semble qu'à gauche cela ait été le mot dordre de toutes les universités dété de cette année. Mais il ne sagissait pas partout de la même. Celle du PS jouait dans la division le grand air de lunité du parti. Mais alors que Rocard et Kouchner avaient annoncé à lavance quils scissionneraient si le congrès donnait la majorité à la gauche, le bloc Hollande/Strauss-Kahn et C° cherchait désespérément la possibilité dune unité qui oublierait la majorité du Non de ses militants et de ses électeurs. Curieux aveuglement, alors que le spectre de la présidentielle oppose déjà, dune part quatre candidats au moins du camp du Oui, Strauss-Kahn, Hollande, Martine Aubry et Jacques Lang, et de lautre le candidat du Non, Laurent Fabius. Et qui peut croire quil ne sagit que dune opposition de personnes. Il sagit déjà de deux programmes opposés : le social-libéral et lanti-libéral, celui qui lorgne une possible alliance avec dUDF de Byrou et celui qui désire la sauvegarde de lunité du Non à lEurope du Capital. De ce côté, laile faible est celle de Montebourg qui voudrait bien un compromis. Le hic est que cela ne pourrait se réaliser quau prix de la capitulation dun côté ou de lautre. Or, la capitulation de la droite signifierait sa cassure, et le retrait de ses candidats à la présidentielle devant Fabius ; celui de la gauche le désistement de Fabius annulant tous ses risques pris depuis un an et, avec lui, pour tous les courants du Non, le discrédit auprès des masses qui ont fait la victoire du référendum. Nest-il pas clair que cest impossible.
De cette analyse, nos lecteurs savent que nous avons fait le pronostic de la scission inévitable dun PS qui, en tant que tel, est arrivé au terme de sa dégénérescence, et, dun parti ouvrier-bourgeois est devenu un parti social-libéral, donc de centre droit, donc purement bourgeois, quoique pas encore aussi cyniquement réactionnaire que celui de Blair et de Schröder, mais qui lest en puissance et le sera demain. Que cette scission ait lieu au prochain congrès ou peu après est secondaire. Elle ne peut quavoir lieu, et le plus tôt sera le mieux pour le salut du mouvement de refondation de la gauche actuellement en cours.
Celle dAttac
Même souci dunité à Attac. Même division. Mais là il sagit dautre chose. Attac a été tout entier pour le Non. Attac nest pas un parti, mais une association, hétérogène, regroupant des militants de diverses organisations et des sans organisation, regroupés au départ pour des objectifs très limités. Mais, lassociation s'étant nettement située dans le mouvement altermondialisme, sa direction historique, blindée derrière ses statuts, tend à sen donner comme la direction quelle nest pas (mais que les médias lui accordent, en grand espoir de lui voir stopper le mouvement au stade de la nébuleuse). La base de lassociation commence à regimber sérieusement contre cette autorité autoproclamée, et veut que la totale démocratie règne. Laffaire est dimportance, car le rôle dAttac dans le mouvement du Non a été important, et que, de ce fait, celui quelle aura dans lactivité maintenue des comités et collectifs du Non lest tout autant.
Celle de la LCR
Occultée par les médias, luniversité de la LCR a pu sembler manifester une unanimité parfaite pour lunité du camp du Non, dont les représentants de toutes les organisations étaient tous présents lors du meeting final, dYves Salesse de la Fondation Copernic (origine de lAppel des 200), à José Bové, de Marie-Georges Buffet à Jean-Luc Mélenchon, et de Francine Bavay, des Verts, à Annick Coupé, de Sud, et à Claire Villier de Convergences alternatives citoyennes. Même si lobjectif de lélaboration dun programme dunité de toutes les composantes na pas été présenté par tous dans les mêmes termes et de la même façon, cette idée essentielle à la solidification dun véritable front commun était évoquée quasi par tous. Cependant, cest à ce meeting même que sest manifestée la fêlure qui, potentiellement, pourrait briser lunité du front du Non et
le conduire au désastre. Dun côté, Mélenchon était celui qui ne parlait pas dune élaboration commune, et en revanche proposait demblée Laurent Fabius comme le candidat naturel du camp du Non à la présidentielle ; à linverse, et in fine, Olivier Besancenot rejetait Fabius par un Non, merci !. Or, si dun côté Mélenchon refusait nettement toute exclusive de lextrême gauche, tout en demandant la confirmation de laccord de celle-ci à une participation gouvernementale dun front anti-libéral, la réponse de Besancenot, insistant sur les conditions du programme dun tel gouvernement, celui, précisément, du front du Non, créait une exclusive par son refus de considérer Fabius comme pouvant appartenir à ce front. Une telle fêlure contient potentiellement le risque de léchec de la création dun véritable front, par dislocation en chaîne de ses composantes politiques.
Car il y a
Le piège de lélection présidentielle
La Constitution de cette Ve République, instituée par un coup dEtat légal sous la menace du coup dEtat militaire dAlger, est une des plus réactionnaires entre toutes celles des ploutocraties actuelles. Non seulement son système de suffrage majoritaire à deux tours tend à créer de fait un bipartisme à laméricaine, mais son élection présidentielle, à visée présidentialiste, aggravée de façon absolue par Jospin, par son déplacement avant les élections législatives, a conduit, par leffondrement des deux partis jusque-là majoritaires, au 21 avril 2002, obligeant à un choix entre droite et extrême droite. On sait où cela nous a mené : à une majorité absolue de droite, effaçant, dans le plus total mépris des manifestations et des grèves sectorielles ou limitées, quatre-vingts ans de conquêtes sociales. Désormais, la minoration poursuivie de tous les partis (à lexception probable de lUMP de Sarkozy), promet pour 2007 une élection en forme du jeu suicide, dit de "la roulette russe". La droite a les plus grande chances de voter Sarkozy, qui rassemble à la fois une grande partie des voix du FN (dont il a repris l'essentiel de la politique) et celles qui votaient Chirac. Il serait sans doute alors le candidat majoritaire. Mais quelle serait le candidat qui pourrait se trouver en deuxième position ? Là, la roulette russe jouera à plein, comme en 2002, sil ny a pas un candidat unique du Front de la gauche anti-libérale, seul capable de rassembler les voix du Non.
La conscience doit être totale qu'il s'agira alors d'un quitte ou double. L'unité sur un programme négocié entre toutes les organisations du Non, et un unique candidat acceptant ce programme, et la victoire du Non est doublée et multipliée. Un tel candidat aurait alors la plus grande chance d'être élu par la majorité du Non. On sortirait de l'alternative des plus ou moins pareils. Ou la division, comme en 2002, avec deux, trois ou quatre candidats de la gauche du Non, et c'est le suicide. La victoire du 29 mai en serait effacée, le mouvement de refondation d'une véritable gauche brisé, la démoralisation disperserait les forces rassemblées devant une victoire de Sarkozy, pire que Chirac, pour un avenir impossible à déterminer.
Ceux qui prendraient un tel risque le paierait très cher, en nous le faisant payer encore plus cher. Il est donc important d'agiter ce spectre devant tous les responsables de partis et organisations, qui doivent laisser tomber leurs attachements de boutiques, de fauteuils et de volonté d'hégémonie, pour ne regarder que la chance historique, plat que l'histoire risque de ne pas repasser.
Nous voulons garder l'espoir en l'intelligence de tous.
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