Cest eux qui ont dû céder ! Et en tirant une pâle gueule ! Aussi bien lInflexible, retourné comme une crêpe, le Vieux Roublard qui narrive plus à tricher sans que ça se voie, et le Petit Malin, coincé dans le système, et qui fait semblant de ny avoir été pour rien, croyant encore pouvoir tirer les marrons du feu.
Une vraie claque dans leur museau, qui en fait rigoler leurs copains Eurocrates, mais jaune, parce que, tout de même, ce CPE, cétait une application des accords de Lisbonne.
Un beau doublé du 29 mai 2005, joué sur un autre terrain, avec dautres moyens, mais de même sens. Bien ressenti comme tel par lesdits Eurocrates qui voient leurs propres jeunesses, leur propres peuples, en prendre de la graine.
Mais attention ! de même que, lan dernier, dès le lendemain du 29 mai, bien que privés de la Constitution qui leur aurait permis de nous imposer CPE et « Egalité des chances (de précarité) », depuis Bruxelles, ils nen sont pas moins passés à en réaliser tout doucement le contenu ; de même, bien retranché dans linstitution de leur 5e République de coup dEtat, nos guignols de lInfo se sont précipités pour voter leur loi, seulement tuméfiée, et quils vont essayer maintenant de glisser doucement, sans faire de vagues, vers 2007 dans lespoir de sen tirer via le piège de lélection présidentielle.
Car le CPE, préparant le Contrat unique, et remontant lhistoire du droit du travail en deçà de 1936, ce fut la goutte deau qui fit déborder le vase. Ce quils navaient pas prévu. Mais la belle révolte de la jeunesse, elle, commençait tout juste hier à découvrir la totalité du pot eux roses, à plonger le regard dans la profondeur abyssale du dit libéralisme, et elle ne pouvait compter, pour lui en apprendre plus quelle ne savait, sur quasi tous les grands alliés qui se sont précipités derrière elle pour ne pas se déconsidérer. Ni, bien sûr, sur le bon M. Chérèque de la CFDT, qui signa en traître la contre-réforme des retraites, et respire maintenant de pouvoir revenir à nimporte quelle table de négociations quon voudra bien lui offrir ; ni, et encore moins, sur le parti de la bonne Mme Ségolène Blair-royal qui, sil revient au pouvoir, nous mitonnera des sauces capables de nous faire avaler le plat un peu amer de la précarité sans que nous nous en apercevions.
Doute-t-on de ce dernier point ? Le challenger de Mme S.Blair, M. Jospin, lhomme des 35 heures à la sauce Seillière, qui, par ce social-libéralisme, a fait perdre les élections à sa gauche plurielle, sest exprimé sur le CPE dans Le Monde du 8 avril. Que lui reproche-t-il au CPE ? Pas dexister : dêtre mal conçu et mal conduit. Et comme il ny oppose aucune alternative, proposée dans son titre, on peut donc en conclure que, lui, laurait conçu avec beaucoup plus de ruse, et laurait conduit plus finement, en le faisant avaliser dabord par les syndicats à la botte dans des négociations tortueuses en petit comité, où celui qui tient le manche fini toujours par faire avaler le morceau principal à une opposition respectueuse.
Ces négociations là, voyez-vous, cest ce que les Eurocrates se désolent que les Français ne sy abandonnent pas, par manque dhabitude et goût arriéré de la lutte de classes (comme sil y avait encore des classes ! elles sont même supprimées dans le métro), et saccrochent à un « radicalisme conservateur » (ou à un « conservatisme radical », car cest là une notion qui me reste un peu obscure), comme lexplique, dans Le Monde du 9-10/4, M. Magnette de lInstitut détudes européennes à lUniversité libre de Bruxelles (vous men direz tant !). Quant à M. Chris Patten, chancelier de luniversité dOxford (celui-là est donc encore plus savantissime), dans le même journal, le 8, il trouve que : « Le manque desprit daventure des Français est assez déprimant. » Non ! Non ! ne vous écriez pas que pour laventure, cette grève de toute la jeunesse fut une assez belle aventure ! La vraie aventure, voyez-vous, cest daffronter hardiment la précarité. Osez ! Et de stages non payés en petits boulots mal payés, vous finirez tous bien, ayant entre-temps attrapé un bac+5, par trouver une entreprise à laquelle vous vous consacrerez 48 ou 60 heures par semaine (magnifique aventure !) pour fournir à ses actionnaires des Fonds de pensions des bénefs de 15% minimum, et vous aurez contribué à ce que lEurope tienne tête à lInde de Mittal, dont les ouvriers vivent laventure de gagner dix fois moins que vous en travaillant encore plus, et sen trouvent bien. M. Chris Patten sait de quoi il parle. Sil avait eu le temps, il vous aurait raconté comment il sort dun parcours de ce genre.
Et puisque Mme Royale Blair Ségolène (dont ledit Monde fait la campagne électorale darrache-pied, en se disant quelle finira peut-être par avoir plus de chance que Sarkozy à la loterie truquée de 2007) ne rêve que dAngleterre, comme son nom lindique, le 6 du mois, deux patrons français installés à Londres (tiens ! pourquoi ?) nous expliquaient, toujours dans notre quotidien préféré, les mérites du système anglais. A vrai dire, pas un mot sur les raisons qui font quil y a moins de chômage. Pas question de précarité dans ce pays, de la fluidité. Et de sétaler sur les facilités de licenciements
mais vécus sans souffrance, à la bonne franquette, avec explications franche du patron sur pourquoi il vous licencie, sans histoire de procédures chicanières à la française, donc sans traumatisme, et dans le public comme dans le privé, puisquon en retrouve aussitôt du travail fluide. Quel paradis ! Eh bien, cest ça que Mme Ségolène (et lon nous précise quil ne faut pas confondre Blair et Thatcher), nous donnera si nous votons pour elle.
A vrai dire, je doute quétudiants et lycéens français, avec ce mauvais esprit national archaïque qui fait pleurer lEurope de chagrin, se laissent convaincre par nos Eurocrates libéraux de lexcellence de la belle liberté aventureuse du travail aléatoire, avec absence de garanties, qui est pourtant la source du courage et de lénergie.
La leçon principale de la belle victoire de ce printemps, comme de celle de lan dernier, contre nos juges et magisters donneurs de leçons, cest quil faut continuer. Continuer à leur rire au nez et, puisque nos coups ne leur laissent que des bleus, étudier les moyens de leur en donner dautres jusquà ce quils soient groggy. Les occasions ne vont pas manquer. Et léchéance se rapproche de ces élections qui peuvent changer la donne si notre front antilibéral ne seffrite pas.
Par ailleurs, lécho de la lutte française a retenti jusquen Russie, où les étudiants, nous dit-on, sinterrogent sur la possibilité den faire autant. Sans quon nous le dise, cela fait certainement réfléchir dans toute notre Europe. Quant à la leur, celle des (contre)réformes, du progrès en marche arrière, de la richesse (en haut) par la précarité (en bas), nous naurons pas de cesse de la foutre par terre.
Et puisque nous en parlons de leur Europe
Participation de lEurope libérale
au génocide des palestiniens
Jusquaux élections palestiniennes, lEurocratie ne pouvait guère accorder un soutien sans réserve, comme les Etats-Unis, à la politique génocidaire dIsraël. Elle agissait hypocritement par demi-mesures. Mais quel pain béni que ces élections qui ont porté démocratiquement au pouvoir ce Hamas, que M. Bush a mis de toute son infaillible autorité sur sa liste des « organisations terroristes ». Nos Eurocrates peuvent se lâcher, ce qui en plus les rapapillotent avec le Big Brother. Pas un sou à ce Hamas ! Et que les Palestiniens en crèvent
Ils nen ont rien à foutre nos eurocrates !
Mais
mais, disent-ils, ils nont quà reconnaître Israël, et renoncer au terrorisme, et on leur en crachera un peu, de la thune ! Oui
bien sûr, ils doivent reconnaître lEtat qui occupe leur territoire, qui y vient tuer leurs dirigeants et détruire leurs habitations, bombarde le territoire de Gaza
On sait que tout cela nest pas du terrorisme, puisque cest fait par une armée aussi régulière que celle de M. Bush qui, au nom de Dieu et du Pétrole, met à feu et à sang les reste du Proche et du Moyen Orient, et dont on nous annonce quelle va jeter une jolie bombe nucléaire miniaturisée sur les installations atomiques dIran.
Et à ce propos : une telle mesure dingérence pacifique en dispensera, le bon M. Ehoud Olmert, digne successeur du demi-défunt Sharogne, et dont cétait le projet explicite
Celui-ci est digne de tous les éloges de nos Eurocrates ; Ne va-t-il pas poursuivre luvre pacifique de son prédécesseur et supprimer quelques colonies en Cisjordanie ! Mais bien entendu pour en développer massivement dautres, enveloppant complètement Jérusalem.
Nos problèmes locaux nous ont un peu trop fait détourner les yeux du martyr du peuple palestinien. Nous ne pouvons laisser tranquillement nos Eurocrates, qui agissent en notre nom, participer à ce qui est sans doute actuellement la plus ignoble entreprise de barbarie.
Pour sa part,
mon ami Jean Baumgarten a écrit la lettre suivante à son ancien condisciple Jacques Chirac.
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