5 avril 2007

Les bons alliés de l'unité 

     Après avoir joué le rôle de premier violon dans le sabotage de l'unité antilibérale pour la Présidentielle, voici qu'Olivier Besancenot en appelle à l'unité fraternelle des "trois B + A". N'y a-t-il pas là de quoi réjouir tous les naufrageurs de ladite unité ? Mais dans le même temps, son cornac François Sabado, dans Rouge du 29 mars, d'une part rappelait comment elle était impossible avec le PCF qui continue à en appeler au rassemblement de "toute la gauche", PS compris, et d'autre part fait de Bové une critique mensongère, voire calomnieuse.

     D'une part, il dit qu'il n'est pas un candidat unitaire, alors qu'il est le seul à rassembler une grande majorité des collectifs du mouvement unitaire, comprenant entre autres les minoritaires antilibéraux du PCF et une minorité de la LCR. Ensuite, il veut le limiter à n'être qu'un candidat écologiste, anti-OGM et anti-OMC (excusez du peu !) et sans perspective d'ensemble anticapitaliste ! Là, on a la belle astuce ! Parce que, vous savez l'anti-libéralisme, ce n'est pas de l'anti-capitalisme. C'est quoi alors le libéralisme ? (On lira ci-dessous, la réédition de notre définition, parue sur le site unisavecbové.org). Mais veut-il dire par là que le programme des collectifs, porté par José Bové, ne comporte pas de mots d'ordre assez radicaux ? Où sont ces mots d'ordre là dans la campagne de Besancenot ? Je n'y vois que des mots d'ordre de luttes, d'ailleurs fort peu différents de ceux de Marie-George Buffet ! Mais pour corser, il donne deux exemples. Le premier c'est qu'il "ne se serait pas présenté si Fabius avait été candidat". Mais si Fabius avait été candidat, c'est qu'il n'aurait pas capitulé devant la synthèse socialiste et qu'il aurait rompu avec le social-libéralisme du PS, qu'il serait resté dans l'unité du Non à l'Europe du capital ! Le second exemple c'est qu'il "a soutenu, dans tous les débats de la gauche antilibérale, une orientation compatible (?), avec celle du PCF." Comme c'est clair ? Mais cette incompatibilité n'empêche pas Besancenot de considérer que ce PCF peut appartenir au grand nouveau rassemblement antilibéral.

     Cet exercice de haute voltige est la suite de ceux qu'a multipliée la LCR depuis sept ou huit mois. En fait, elle n'aurait accepté aucun candidat unitaire, ce que manifestaient ses militants qui, dans les collectifs, au moment du vote sur les noms, ne se prononçaient pour aucun. Sa conception du front unique de classe, c'est qu'il doit se faire sur son programme (comme c'était celle du PCF dans ses périodes d'ultra-gauche).

     Et la PCF ? Lui aussi, au vu des sondages, il se demande s'il ne faut pas changer de ton avec ses adversaires anti-libéraux. Oui, mais… voici le message d'un membre du collectif de Paris 2O :

     J'ai croisé ce matin en partant au boulot, Martine Cotten accompagnée de Gilles Questiaux, qui arrachaient et recouvraient les affiches Bové, au niveau de la place des Grandes Rigoles (au fait la colle est encore fraîche).
     La secrétaire du PC 20e qui arrache des affiches de Bové, c'est donc la politique officielle du PC 20e, et non l'œuvre d'excités...

    On ne change pas une équipe qui…


Pour éclaircir les idées :

Définissons les termes -1

 

Libéralisme : Le terme date du XVIIIe siècle et s'est imposé au XIXe, à la fois comme nom s'appliquant à la liberté "sans entraves" de l'économie bourgeoise et à la politique de défense de cette liberté. Mais s'opposant alors aux systèmes féodo-aristocratiques, dominants puis subsistants, il s'étendit à toute la lutte pour la liberté politique.  Il était donc le nom le plus général de l'idéologie bourgeoise. Ainsi lord Byron, en Italie, payant des armes aux révolutionnaires de la cause nationale contre les petits potentats réactionnaires et contre le pape, était pour leur police un "libéral dangereux". Le terme a vieilli en opposant longtemps, au sein même de l'évolution capitaliste, les partisans des régulations de l'économie entre États et intra-étatiques, et les tenants des échanges sans contraintes. Nous le voyons aboutir dans notre monde de la mondialisation, où les frontières sont effacées pour les capitaux, à la désignation de la libre concurrence entre les géants des multinationales et des monopoles privés, entre eux et avec les nains du capital, et au droit de l'exploitation, sans contrainte de droits du travail et de libertés publiques, des masses de producteurs gravement privés de défenses. La liberté du libéralisme est ainsi devenue celle du droit du plus fort à faire ce qu'il veut du plus faible. D'idéologie de la liberté, le mot couvre maintenant l'idéologie de l'oppression économique et politique. C'est donc toujours l'idéologie bourgeoise, mais de la classe bourgeoise parvenue au pouvoir absolu.

     Pourtant, depuis quelques années, se dressent des forces anti-libérales. À quoi s'opposent-elles ? Évidemment pas à une idéologie. Elles se dressent contre ce que masquent l'idéologie et son nom : le capitalisme à son stade actuel. Ceux qui veulent opposer ce sens à celui d'anti-capitalisme prétendent que les "anti-libéraux" ne s'opposent qu'aux formes de l'exploitation capitaliste, et non pas à son fond. Il est vrai que certains politiciens, certaines organisations, jouent en effet de la possible ambiguïté du terme pour limiter la lutte anti-capitaliste à un nouveau réformisme. Mais ceux-ci ne sont que des sociaux-libéraux, et la vanité de toutes leurs tentatives de réformes montre déjà leur faillite. En fait, toute attaque réelle, à n'importe quel point du système libéral, que ce soit au niveau national, européen ou mondial, est une blessure au système global susceptible de mettre en cause, en chaîne, la totalité du système. Les maîtres libéraux du monde le savent bien, et sont attentifs à ne rien céder qui dépasse le dérisoire. Cela est bien apparu avec le projet de “taxe Tobin”, de taxation des spéculations financières, qui fut à l’origine du mouvement ATTAC. Les libéraux ne firent semblant  de l’accepter qu’en la châtrant, et elle disparut ainsi dans la trappe. De ce fait, les débats entre anti-libéraux et anti-capitalistes n'ont aucun sens de fond, Ils ne sont que l’expression, soit d’une incompréhension, soit d’un révolutionnarisme sectaire, et ne sont qu'entraves à la lutte commune.

 

Réflexions du télaidphage passif ! - 2

 

Iran - Salaud ce gouvernement iranien qui se permet d'arrêter quinze marins qui se promenaient comme ça dans le golfe Persique. Le problème, c'est de savoir s'ils ont ou non franchi la frontière entre les eaux irakiennes et les eaux iraniennes. L'Iran dit que oui, Blair dit que non ! Moi je crois plutôt Blair, parce que ce n’est pas un menteur et qu'il est toujours bien renseigné. Rappelez-vous quand il vous a dit qu'il avait des preuves formelles que Saddam possédait des armes de destructions massives (on l'a même pendu pour ça le Saddam !). Vous me direz que ces armes, on ne les a pas trouvées. Certes ! Mais c'est justement pour ça que les quinze marins de la Navy les cherchaient encore dans les bateaux civils qui se promenaient par là.

     J'entends quelqu'un me crier : "De quel droit ?" Mais du droit du plus fort, bien sûr, c'est le seul droit que l'on ne voit personne violer en ce moment.

     Et puis, il paraît qu'il y en a de très gros, de bateaux de guerre, qui s'avancent vers ce golfe en ce moment. Et de mauvais esprits qui insinuent, que le petit bateau avec les quinze, ça pourrait ressembler au coup d'éventail à notre ambassadeur, qui nous a obligés à envahir l'Algérie et à la coloniser jadis. C'est fou comme il y a des gens qui ne s'en tiennent pas comme moi à écouter sagement la télaid !



Le Journal intempestif est heureux
de vous rappeler la parution de


LE TROTSKISME
UNE HISTOIRE SANS FARD

De son rédacteur
Michel Lequenne
Editions Syllepse - 24 Euros