Le thème de l'insécurité ayant fait perdre au PS l'élection présidentielle de 2002, on devait cette fois, de son côté, mettre le bémol sur cette question. Mais elle est d'un rendement trop fort pour que le candidat Sarkozy la laisse de côté. Malheureusement les statistiques étaient contre lui. Bien qu'ait été gelée la publication de deux rapports commandés par le ministère de l'Intérieur lui-même qui peinaient à montrer la supériorité de la répression sur la "police de proximité", il était difficile de cacher que la politique du karcher sur la racaille avait plutôt aggravé les choses que les améliorer. Et puis, l'enquête sur l'affaire des deux jeunes électrocutés de Clichy-sous-Bois qui avait déclenché la grande émeute ne montrait-elle pas que tout était parti d'une grave faute de la police en même temps que la peur qu'elle inspire aux jeunes mais parfaitement innocents. Embêtant pour le Premier flic de France !
Et voilà qu'arrive l'affaire de l'école de la rue Rampal. La chasse à l'enfant de sans-papiers étant devenue celle des parents qui viennent les chercher à l'école, on arrête un vieux grand-père chinois sans papier. Mais les parents d'élèves, qui sont désormais en masse contre ces razzias, protestent s'indignent, s'opposent. La police, bien préparée à la lutte pour qu'un "sang impur abreuve nos ruisseaux", répond à la matraque et au gaz lacrymo (ma propre petite nièce en a eu pour trois jours de vomissements, suite à son intoxication). Ce sera la directrice de l'école qui sera interpellée. Où est l'insécurité ?
De mauvais esprits se demandent s'il n'y a pas eu de relation de cause à effet, entre Rampal et gare du Nord. Il est en effet curieux qu'un incident se transforme en bataille rangée avec des bandes de jeunes, et que le lendemain, celui qui vient de cesser d'être ministre de l'Intérieur prenne le train à cette gare, entouré de flics et organise là une conférence de presse, où le sans billet devient un dangereux récidiviste entré illégalement en France, et voit dans la bagarre un écho de "l'idéologie soixante-huitarde". Comme à Clichy-sous-Bois les voleurs qui, après enquête, n'en étaient pas, ici le dangereux délinquant, plus rapidement est reconnu comme étant entré régulièrement en France et n'ayant que des délits mineurs à se reprocher. Mais là, l'ex-ministre présidentiable tenait le bon bout. Même à France 3, qu'il veut pourtant aussi nettoyer au karcher, la charmante interwiouveuse qu'il l'a reçu ensuite au Journal du soir s'est bien gardée de lui parler de la rue Rampal, mais seulement de la gare, ce qui lui a permis de faire son numéro de défenseur de l'ordre républicain menacé par les immigrés illégaux, de la sécurité, de l'héroïque police tenant bon contre la racaille, sans compter le scandale de ceux qui ne paient pas leur billet. Et sur tous ces points, il s'est opposé au laxisme criminel et sans patrie de Ségolène.
Pauvre Ségolène qui s'est pourtant elle aussi indignée : "Quand on prend les transports, on paye son billet !" (Mais que fait-on quand on n'a pas d'argent ? Ça c'est un problème qu'elle n'a sans doute jamais eu à se poser.) C'était un peu pâlot contre la grande offensive sarkozienne. Même en y ajoutant la police de proximité. L'idée qu'il faudrait plutôt l'humanisation des cités et du travail bien payé, des animateurs dans des centres culturels, plus d'enseignants… Mais l'Europe ne veut pas voir de nouveaux fonctionnaires !
Le socialisme regarde ailleurs.
Nous avons vu avant-hier le sérieux de leurs technocrates. Eux ne sont pas de ceux que M. Éric Le Boucher tançait dans le Monde du 1er/2 avril, dans la page 25 qui n'est pas faite pour l'électeur lambda : ""Pourquoi ne parlez-vous que de pouvoir d'achat, alors qu'il croît raisonnablement en France [?] et pas de la COMPÉTITIVITÉ DES FIRMES qui, elle se dégrade ? Nous avons souligné. Nous voyons les profits augmenter. Mais cela ne suffit pas si les salaires sont encore trop hauts pour que les produits ne soient pas compétitifs en Europe et dans le monde. Et les économistes technocrates regrettent que, pour des raisons électorales, les libéraux, ultras ou sociaux, n'osent pas dire qu'il faudra encore plus de bonnes (contre)réformes qui nous coûteront (à nous, en bas) "du sang et des larmes" (sic) pour entrer dans la bonne mondialisation.
Voilà encore une bonne raison de voter altermondialisme,
de voter José Bové