du 10/13 avril 2007

Toutes les raisons de voter
José Bové


Des flots d'insultes, de mensonges et de calomnies se déversent journellement à l'encontre de José Bové, et, cas unique, elles viennent aussi bien de la droite que de l'extrême gauche., du portrait mi-méprisant mi-haineux que fait de lui Le Monde du 10 avril, à Rouge (voir notre n° du 5/4), à un petit canard internet, pro-Besancenot/Laguillier, qui ose se titrer Prométhée.

À cela, nos merdias ont ajouté une astuce pour faire "neutre" : valoriser ceux qu'elle craint le moins par opposition à Bové. Ainsi on traite avec ménagements Voynet, Marie-George Buffet, et même Arlette Laguillier (puisqu'elle s'en va !), et finalement Besancenot lui-même, dont Le Monde, mangeant le morceau, livre qu'il est "la gauche dont rêve la droite".

C'est normal, pourra-t-on dire, Bové n'est-il pas le candidat le plus dangereux pour tous, et celui dont on ne peut contredire les véritables positions, ni, à l'inverse, renchérir sur elles, comme le tente la LCR.

C'est égal, pour tous ceux qui peuvent être troublés par ces petites manœuvres et grosses saletés, un seul remède, lire :

José Bové
CANDIDAT REBELLE

Éd. Hachette, 13 Euros

Tout y est, avec clarté, solidité de l'information et des chiffres, exemples et preuves, argumentation serrée, démontage des langages mystifiés et des fausses solutions aux problèmes sociaux et politiques de la droite libérale comme du social-libéralisme du PS. Pas un problème n'y manque ni n'y est contourné. Avec lui, c'est fini de la langue de bois comme avec l'utopisme abstrait. Lui, qui n'est pas un politicien professionnel ni un homme de cabinet, mais un militant qui nous a montré qu'il savait payer de sa personne, il nous montre l'avenir qui est possible parce qu' UN AUTRE MONDE EST EN MARCHE, celui de l'altermondialisme, et de son expression en France, dans ces collectifs qui ont imposé le NON au référendum contre l'Europe de la finance et des multinationales.

Plutôt que d’en rappeler tous les thèmes, un seul exemple dans son interview ci-dessous qui, non seulement donne sa (notre) position sur tous les problèmes de discriminations, mais aussi sur les questions nationales, dont, curieusement, TOUS les autres candidats ne parlent pas.


Ouma.com.
Entretien avec José Bové
à propos de la lutte contre
les discriminations

Samedi 7 avril 2007

Les personnes issues de l’immigration notamment maghrébine subissent des discriminations multiformes et en particulier un accès verrouillé au monde du travail. Des dispositions ont été prises (par exemple, le projet du CV anonyme malheureusement abandonné) mais cela n’est pas suffisant. Quels engagements comptez-vous prendre pour lutter efficacement contre les discriminations ?

JB - La question des discriminations liées à l’origine des populations issues de l’immigration coloniale ou post-coloniale est bien plus large que le seul problème de la discrimination à l’embauche. Celle-ci en est un aspect parmi les plus lourds de conséquences. Le dernier rapport du Bureau International du Travail fait apparaître que cette forme de discrimination est quasiment la règle (dans 4 cas sur 5 !!) dans les entreprises françaises. Il aurait dû entraîner une mobilisation de tous les moyens législatifs et politiques pour combattre ce qu’il faut bien appeler un racisme structurel.
Le problème est dans le fait que pour qu’un État combatte de manière crédible et effective un tel phénomène social, il faudrait déjà qu’il soit lui-même débarrassé des formes de racisme institutionnel qui le caractérisent. La pratique ordinaire du contrôle au faciès, le maintien de la double peine, la quasi-impunité de facto des violences policières infligées à une partie de la population, la privation d’une partie des élèves de ce pays de l’accès au droit à l’éducation en sont les exemples les plus frappants. Quant aux mesures immédiatement réalisables pour limiter la discrimination à l’embauche, elles relèvent principalement de la dissuasion.
Aujourd’hui l’écrasante majorité des plaintes pour discrimination, y compris quand les faits sont constatés, sont classées sans suite. Il faut donc faciliter les voies de recours et renforcer les moyens d’application des lois qui existent, il faut appliquer réellement les textes communautaires qui font peser la charge de la preuve sur le défendeur dès qu’une discrimination est présumée, et il faut alourdir de manière fortement dissuasive le régime des sanctions applicables.
Le CV anonyme n’est pas de nature à combattre la discrimination, mais simplement à la contourner, néanmoins l’abandon même de cette mesure en dit long sur l’absence de volonté politique d’affronter le problème quand les intérêts des patrons sont en jeu.
Il faut faire de la lutte contre les discriminations de tous types une priorité nationale avec les moyens législatifs et financiers en conséquence. Le reste, c’est-à-dire l’essentiel du combat contre les discriminations, ne peut venir que d’une véritable lutte politique que seules les populations concernées peuvent mener à bien avec tous leurs alliés. J’espère en être un, à la hauteur de l’enjeu.

Êtes-vous favorable au droit de vote des résidents non communautaires ? Si oui, à quelles élections ?

JB - Je suis pour le droit de vote de tous les résidents étrangers (communautaires ou non) à toutes les élections, sans exception. Ils doivent également pouvoir être éligibles aux charges de représentation politique. Les conditions d’ancienneté d’installation doivent être définies après débat, mais ne doivent pas être trop lourdes, dès lors qu’il y a participation de l’intéressé à la vie sociale, économique, culturelle française.
À  terme, nous devons engager un débat qui va dans le sens de l’évolution du rapport entre citoyenneté de résidence (jouissance de l’ensemble des droits citoyens) et nationalité. Il existe des pistes à étudier dans de nombreux pays, y compris européens. Les inquiétantes dérives des candidats des partis "de gouvernement" sur le thème de l’identité nationale rendent cela de plus en plus urgent.

Jacques Chirac a récemment supprimé le deuxième alinéa de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 glorifiant le passé colonial de notre pays. En 1995, Jacques Chirac reconnaissait la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs de France et "la dette imprescriptible" de l’État à l’égard des victimes et de leurs ayants droit. Pensez-vous que cette reconnaissance puisse être étendue aux victimes des crimes coloniaux ? Si oui, estimez-vous que ce travail de mémoire puisse être prolongé dans les programmes de l’Éducation nationale ?

JB - La loi du 23 février est l’un des aspects de l’évolution inquiétante du discours politique de ces dernières années. Il n’est pas le seul. Nous assistons à la réactivation des ressorts les plus chauvins de la politique et de relents de discours colonialistes qu’on croyait révolus. Il y a quelques années, Georges Frêche a lancé dans l’Hérault un projet de "Musée de la France en Algérie" à la gloire de la colonisation sans que ça fasse de vague.
Ce projet est toujours en cours de réalisation. Je crois que cette évolution, qui fait écho à la logique bushienne du choc des civilisations et de la guerre globale permanente, sert plusieurs objectifs que partagent ceux qui nous gouvernent depuis trop longtemps : monter les gens les uns contre les autres pour mieux les contrôler par des moyens clientélistes et communautaristes ; désigner des "populations dangereuses", voire des "ennemis intérieurs",  pour justifier le renforcement de la fonction policière et répressive de l’État et en même temps réduire les citoyens à la résignation grâce au chantage à l’insécurité ; au plan international, justifier la poursuite et le renforcement de politiques d’agression et de pillage néocolonial ; et masquer, enfin, le renoncement de ces mêmes politiques au rôle de redistribution de l’État et de choix des politiques économiques et sociales, abandonnés aux entreprises multinationales et aux organismes financiers internationaux.
La France doit reconnaître et assumer l’ensemble de son histoire pour assumer toutes celles et tous ceux qui la composent. C’est aussi la condition pour décider de quels aspects de cette histoire nous voulons être les continuateurs. Parmi ceux qui me viennent à l’esprit immédiatement, il y a les combats antiesclavagistes et anticoloniaux, les combats pour l’égalité entre les femmes et les hommes, les combats des paysans contre la confiscation des terres et de la nature par l’économie du profit et du productivisme, les combats ouvriers et salariés, le combat antinazi, le combat anti-impérialiste et antiraciste...
Les crimes et la "dette" coloniaux doivent être reconnus, et la question des réparations ne doit plus être un tabou. Je pense que la meilleure réparation est le plein engagement pour la justice et l’égalité en France, le combat contre le pillage et la domination des peuples du sud et la construction de rapports justes et équitables au niveau mondial. Les programmes de l’éducation nationale doivent, bien entendu, intégrer ces exigences en se libérant complètement des vérités historiques officielles qui sont encore en bonne partie celles des vainqueurs et des puissants.

Pensez-vous supprimer ou laisser en l’état la loi Ceseda ainsi que les dernières lois sur l’immigration ? Êtes-vous notamment favorable ou non à la disposition de loi criminalisant la solidarité envers les sans papiers ?

JB - Toute loi criminalisant la solidarité pour l’égalité des droits est une loi scélérate qu’il est du devoir de tous et de toutes de ne pas appliquer. Je suis bien sûr pour l’abrogation de la loi CESEDA de Nicolas Sarkozy, comme de toutes les lois de criminalisation des migrants : les lois Pasqua, Debré, Chevènement, Méhaignerie, Guigou... À leur place, il nous faut une loi garantissant le droit du sol et les droits des étrangers. Il faut dépénaliser le séjour irrégulier.
On ne doit plus aller en prison pour des papiers. Il faut fermer les centres de rétentions et supprimer la compétence du ministère de l’Intérieur et de la police dans la gestion de l’immigration, et transférer celle-ci à un autre ministère : le ministère de l’Égalité des droits ! Les sans-papiers doivent être immédiatement régularisés, avec une carte de séjour de dix ans. Il faut ouvrir les emplois réservés à tous les résidents étrangers, et la double peine doit être supprimée. Pour de vrai ! Il faut par ailleurs mettre un coup d’arrêt à l’escroquerie selon laquelle l’Europe forteresse et le déni des droits des migrants serviraient les intérêts des travailleurs-ses et des citoyen-nes en Europe.
En plus du fait de maintenir des millions de personnes dans des conditions de vie indignes, cela sert au contraire à fragiliser les droits des salarié-e-s en France, en favorisant le travail au noir dans des conditions inférieures aux normes en vigueur (dans le bâtiment, l’agriculture, le textile, le nettoyage industriel, les aides aux personnes etc.), et à préserver les très grandes différences de rémunération entre pays, ce qui permet notamment les délocalisations et la mise en concurrence des travailleurs au niveau mondial.

La loi SRU est contournée par de nombreux maires qui préfèrent payer une amende plutôt que de construire des logements sociaux. Quelles dispositions comptez-vous mettre en œuvre pour contraindre au respect de cette loi ? Et plus généralement pour lutter contre la pénurie des logements sociaux ?

JB - La question du droit de toutes et tous à un logement digne est une des premières priorités que doit se fixer toute politique qui se prétend soucieuse de justice sociale. La fin du mal-logement et de la privation de logement est un objectif réalisable à échéance relativement courte. Le seul obstacle est la complicité des politiques publiques avec les intérêts de la spéculation immobilière et foncière. Malheureusement, malgré les effets d’annonce électoralistes, aucun des partis dits "de gouvernement" ne semble prêt à rompre avec ces intérêts.
Il faut un grand plan de rénovation urbaine qui ne soit pas centré sur une revalorisation du bâti qui ne profite pas aux populations qui en ont le plus besoin, comme c’est le cas avec le plan Borloo et le travail de l’ANRU. Il doit avoir pour but central la réhabilitation des conditions de vie des habitants des quartiers populaires et des mal-logés. J’appelle à un grand chantier de réaménagement de l’habitat vétuste et de construction de 120 000 logements par an.
Par ailleurs, il faut mettre en place des sanctions réellement dissuasives à l’encontre des municipalités qui ne construisent pas suffisamment de logements sociaux, y compris l’inéligibilité, et appliquer un système de péréquation fiscale entre les collectivités territoriales qui soit plus favorable aux territoires où vivent des couches populaires modestes.

L’islamophobie est un phénomène dont la gravité est attestée par des études de la CNCDH (Commission nationale consultative des Droits de l’Homme), ainsi que par diverses organisations de défense des droits de l’Homme. Quelles dispositions comptez-vous prendre pour lutter contre l’islamophobie ?

JB - La stigmatisation des Musulmans et des populations de culture islamique est devenue un des principaux véhicules de l’idéologie et des pratiques racistes en France et dans le monde. C’est un phénomène extrêmement dangereux, qui met à l’index une partie importante de l’humanité et de la population française. Ce discours favorise en plus la crispation et le repli identitaire de chacun des "camps" qu’il définit, compromettant de plus en plus les possibilités de vie commune pacifique. Il doit être combattu vigoureusement, comme doivent être combattues toutes les formes de racismes, de discrimination et d’incitation à la haine sur la base de l’origine ethnique ou culturelle, des convictions religieuses ou philosophiques, des choix et orientations sexuelles ou existentielles, du sexe ou des caractères physiques.
Il est par ailleurs impératif de défendre la séparation de l’État et de la religion, d’imposer le respect des droits et libertés des individus quelle que soit leur origine ou leur orientation philosophique ou religieuse, de garantir la liberté de croire ou de ne pas croire ainsi que la possibilité de pratiquer ses convictions dans des conditions dignes, d’égalité entre les cultes et de respect des droits de chacun-e. Parmi les droits les plus fondamentaux nous mettons aussi les droits à la libre expression, à la liberté de la presse, à la liberté de critiquer y compris les croyances et religions.
C’est pour cela que je tiens à ce qu’un sérieux effort soit déployé pour distinguer ceux-ci de l’incitation à la haine, de la stigmatisation et de la mise à l’index de parties de la population. Je peux dire d’ores et déjà que les caricatures des années trente présentant les juifs au nez crochus et aux airs sournois ne relèvent pas de la critique inoffensive, elles ont contribué à faire le terreau d’un racisme aux conséquences fatales. De la même manière, représenter les musulmans systématiquement comme des terroristes, des violents et des abrutis ne relève pas de la simple liberté de la presse.

La loi de mars 2004 qui bannit les signes religieux ostensibles de l’école a eu pour conséquence la déscolarisation de dizaines de jeunes filles et leur éviction du monde du travail. Quelles mesures pourrez-vous prendre pour faciliter leur réintégration dans la société ?

JB - J’ai toujours été clairement contre cette loi. Il est évident que c’est une loi qui est principalement préjudiciable aux musulmanes, en plus d’un certain nombre de Sikhs. C’est une loi discriminatoire qui doit être abrogée. Je suis, plus largement, pour une législation qui se donne les moyens de défendre effectivement le libre choix des femmes, entre autres de porter le foulard ou de ne pas le porter. Cela signifie de se donner de réels moyens d’interdire toute discrimination et tout préjudice lié au port du foulard, de se donner également les moyens d’interdire toute contrainte faite aux femmes, notamment de le porter. Les filles déscolarisées doivent bien entendu avoir à nouveau accès à l’école publique.

La légitimité du CFCM, notamment le mode d’élection de ses responsables, est aujourd’hui contestée par de nombreux citoyens français de culture musulmane. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

JB - Les Musulman-e-s, comme les adeptes des autres religions, doivent avoir la possibilité de s’organiser afin d’organiser l’exercice de leur culte dans des conditions décentes, libres et en compatibilité avec les lois de la République. Ceci doit pouvoir se faire sans immixtion de l’État. Le CFCM est le fruit de négociations entre le ministère de l’Intérieur et des interlocuteurs musulmans qu’il a lui-même désigné ou reconnu.
Les Musulman-e-s, comme les fidèles d’autres croyances doivent pouvoir s’organiser librement et hors d’une tutelle de l’État, contraire au principe de laïcité. Pour que les institutions qu’ils se donnent soient reconnues comme interlocuteur par l’État pour l’organisation pratique du culte, il est préférable qu’elles soient réellement représentatives et transparentes. Je ne suis pas sûr que le CFCM, œuvre de Nicolas Sarkozy, corresponde à ces qualités.

Le gouvernement de M. Bush, loin de retenir les leçons de son aventure militaire dramatique en Irak multiplie les menaces de guerre totale contre l’Iran. Quelle position adopterez-vous en cas de guerre contre l’Iran ?

JB - Tout d’abord, il est nécessaire de dire que les troupes d’occupation en Irak doivent se retirer immédiatement. Tout doit être mis en œuvre pour restituer au peuple irakien les richesses pillées et pour reconstruire une société qui a été plongée dans l’horreur et la destruction par une politique impériale criminelle. Les responsables doivent être poursuivis.
Pour ce qui est des menaces des États-Unis d’Amérique de replonger la région moyen-orientale et le monde dans une nouvelle guerre, je suis contre tout projet d’intervention militaire contre l’Iran, la guerre n’est pas le moyen juste ni efficace de résoudre les problèmes. La France doit user de tous les moyens en sa possession pour s’y opposer. Elle doit user de sa position à l’ONU et dans l’Union Européenne, en coopération avec tous ceux qui ont intérêt à la paix, pour faire obstacle à la folie guerrière et hégémonique des États-Unis.
Il est temps par ailleurs que soit engagée par la France, puissance nucléaire, un processus visant à dénucléariser complètement les rapports internationaux et les programmes de défense, et à l’adoption d’un pacte mondial de bannissement de l’armement nucléaire, chimique et bactériologique. C’est la seule manière crédible et durable de faire obstacle à une prolifération incontrôlable des armes de destruction massives.

Israël persiste à mépriser le droit international en toute impunité. Colonisation toujours plus étendue, répression continue du peuple palestinien, non-respect des résolutions de l’ONU. La France peut-elle imposer contre le droit à la force la force du droit ?

JB - La France et l’Europe peuvent et doivent mettre en œuvre tous les moyens à leur disposition pour imposer le respect des droits nationaux du peuple palestinien, l’application du droit et des résolutions internationales. Il est insupportable que le peuple palestinien continue à être systématiquement excepté des droits reconnus aux peuples à l’autodétermination, à la liberté et à la vie. Il est insupportable également que l’État d’Israël continue à être dispensé systématiquement de l’obligation de respect du droit.
Il y a en outre une urgence absolue à reprendre les aides directes indispensables à la survie des Palestiniens, et à imposer la levée immédiate du siège imposé aux populations de Gaza et de Cisjordanie ainsi que l’arrêt des incursions armées et des bombardements réguliers qu’ils subissent. En cinq ans, depuis ma visite à Ramallah où j’ai pu rencontrer le Président Arafat assiégé, les conditions de survie se sont dégradées de façon alarmante. Pour tout État qui en a les moyens, ne pas intervenir relève de la complicité criminelle.


Sarkozy, toujours en tête ?

Bien étonnants sondages ! Certes le Sarko a réussi à ratisser les réalistes de l'extrême droite qui préfèrent celui qui réalisera l'État policier raciste plutôt que celui qui se contente d'en éructer la promesse (donc la copie, mais conforme, plutôt que l'original démodé), mais y a-t-il vraiment beaucoup de gens qui croient que la sécurité paisible à laquelle ils aspirent leur sera fournie par l'énergumène qui, non content de couvrir les bavures policières, voire de les provoquer, est capable de traiter un collègue ministre de "connard" et de le menacer de lui casser la gueule ?

De plus, au palmarès dudit énergumène, il y a eu cette semaine l'étalage de sa science, selon une biologie qui, venue des néodarwiniens racistes, et passant par Carrel, s'est étalée sous le nazisme. Certes, le Sarkozy ne nous a pas encore rerévélé que les mauvais gènes produisaient les mauvaises races, mais, portant des caractères héréditaires, ce devrait bien être une race de "pédophiles" et de délinquants que l'on devrait découvrir dès l'école maternelle et éradiquer. S'il devenait président de la république, ces idées pourraient trouver leur place au CNRS et à l'Université et être mises en action.

L'étonnant dans cette histoire, c'est que ni Bayrou ni Ségolène, qui ont condamné le propos, l'un au nom de l'humanisme (!?), l'autre du doute, n'ont dit que cette conception de la génétique n'avait pas la moindre base scientifique, et que, même, elle était scientifiquement absurde ! Cela montre non seulement que nos "grands politiciens" sont d'une inculture scientifique de base pharamineuse, mais qu'ils n'ont même personne auprès d'eux ayant la capacité de leur souffler la bonne riposte. Et voilà les gens qui, demain, se proposent de légiférer sur la recherche scientifique ! (Pour rire de cette affaire désolante, nous donnons en queue de ce Journal, un "Amuse-gueule" que nous avons commis, il y a déjà de nombreuses années.)




Réflexions du télaidphage passif ! - 5

Turquie - L'Europe est énergique à l'égard de ce pays quant à son entrée dans l'Europe : elle doit reconnaître le génocide des Arméniens, perpétré il y a un siècle. Ah ! mais ! Elle ne plaisante pas avec les génocides l'Europe ! Que la Turquie opprime le peuple kurde, et le "génocide" un petit peu, sous un régime où les poids de l'armée reste prédominant, ça, ce n'est pas très grave, mais les Arméniens… Il y a des descendants qui votent encore chez nous.
Et puisqu'on est ferme comme ça sur les génocides, si l'on demandait à la France de reconnaître celui des Tutsis qu'elle a, pour le moins aidé, en Rwanda ? Ce n'est pas si loin ! Et s'il n'y a pas prescription, pourquoi ne mettrions-nous pas à la porte de l'ONU les USA jusqu'à ce qu'ils aient reconnu le génocide des Indiens de leurs territoires ? Ce serait un bon moyen d'éviter leurs veto au Conseil de Sécurité. J'arrête là les propositions, mais le champ est vaste et à fouiller.

Vatican - Le pape va béatifier et canoniser son prédécesseur ledit Jean-Paul II(x3=6da). Il faut pour devenir saint avoir accompli au moins un miracle, et précisément, il a guéri, non pas sa propre maladie de Parkinson, mais celle d'une religieuse, et française en plus (normal, la France n'est-elle pas la Fille aînée de l'Église !), Marie Simon-Pierre. Le RP Henri Tincq, chargé de la religion au Monde, nous dit combien "l'engouement" pour un miracle de nos merdias papier et télévisuels, "non confessionnels autant que catholiques", "peut surprendre dans une France réputée rationnelle et déchristianisée." Mais c'est un autre miracle, et auquel je crois, que lesdits merdias n'aient pas besoin de "contre-enquête" sur le secret bien protégé de l'Église pour croire au miracle. Même pas besoin du nom du ou des médecins qui ont constaté la maladie de Parkinson de la miraculée. Il est vrai qu'il n'y a pas eu non plus de "contre-enquête" sur tous les miracles, depuis ceux de Jésus, et encore  moins avant. Alors !


Amuse-gueule 

L'ENFANT BIAU-ETIQUE

(roman feuilleton post-moderne) 

Chapitre premier

Terrible secret !

A son lit de mort, le marquis du Fou Du Puy fit venir la marquise et lui dit :

— Ma chère amie, avant de rendre à Dieu l'âme qu'il m'a inoculée, j'ai le triste devoir de vous faire un aveu : votre fils Engerrand n'est pas votre fils !

— Comment ! Le fruit de mes entrailles ! s'écria la marquise.

— Et non ! Je vous ai été adultère. Ce n'est pas votre ovule qui a été fécondé par mon spermatozoïde dans le laboratoire du bon professeur Lovegod, de l'université de Salem (US), mais celui de ma maîtresse, Hermeline de Volecotte. J'ai honte de ma trahison qui me mériterait l'Enfer, j'en prends conscience, si votre pardon ne me permettait pas d'obtenir, avec les circonstances atténuantes, le sursis du Purgatoire.

La marquise s'essuya les yeux, sourit et dit :

— Votre aveu me délivre au contraire du remords de ressentir pour Enguerrand un désir que je croyais incestueux. Je vais pouvoir lui déclarer ma flamme et m'envoyer en l'air avec lui.

Le marquis ferma les yeux dans un grand soupir qui fut son dernier. La marquise l'aspergea d'eau bénite et s'éloigna en esquissant un pas de danse.

Chapitre II
Dramatique conséquence


La marquise avait tout dit, avec de (faux) sanglots dans la voix, entrecoupés de baisers ambigus, à celui qui n'était plus son fils mais un enfant adultérin dont elle n'avait été que la mère porteuse. Elle fit suivre cette information d'une déclaration sans équivoque, à laquelle l'interpellé rétorqua sans ambages :

— Mère ! Excusez-moi, Madame — l'habitude ! — Votre déclaration me navre doublement. Primo, de vous faire une peine, même légère, mais je vous dois moi-même un  aveu : je ne vous ai jamais aimé que comme une nourrice — l'instinct, sans doute — et mon cœur est pris ailleurs, mais, deuzio : hélas ! j'aime Frédégonde de Volecotte, et j'apprends par vous qu'elle est ma sœur et que mon amour est incestueux !

— Mais, Enguerrand, Frédégonde ne peut être la fille de votre père, elle est négresse !

— Je sais. Car ne me fit-elle pas confidence  qu'il y eut, lors de la fécondation de l'ovule de sa mère, erreur d'éprouvette, et que c'est d'un spermatozoïde sénégalais qu'elle tient son teint de brune foncée. Mais l'ovule était bien de sa mère. Elle est donc ma demi-sœur et, de ce fait, notre union reste incestueuse.

— Il vous faut, mon cher enfant, rompre avec elle. Et je vous consolerai aussi complètement qu'il est possible.

— Trop tard, Madame ! Un de mes spermatos a fécondé son ovule de vierge dont nous escomptions un nouveau Messie ! Il y aura là un enfant du péché, sans doute punition du Ciel pour notre outrecuidance. Nous n'avons plus, Frédégonde et moi, qu'à aller nous jeter aux pieds du Saint-père qui ne manquera pas d'exiger que nous nous fassions l'un et l'autre religieux et religieuse.

— N’y a-t-il pas là, cher Engerrand, cas théologiquement admissible d'une interruption de fécondation in vitro ?

— Qu'évoquez-vous là, Madame ! Ce serait un abominable crime que l'assassinat de cet embryon de six jours, car mon confesseur, le cardinal Fustigère lui-même, m'a assuré que dès la rencontre de nos gamètes, l'ange gardien du futur chérubin y avait inséminé l'âme qui l'attendait de toute éternité dans les réserves prévues à cet effet, et qui, en cas d'accident, est précipitée dans les limbes, espèce de cave non chauffée et privée de toute affection.

— Vous ne pouvez pourtant envisager de donner à la lignée des Fou Du Puy un ou une descendante plus ou moins colorée à la Benetton. Vos aïeux en retourneraient leurs ossements dedans leurs cuirasses sous la dalle où leurs gisants rougiraient  de honte.

— Qu'à cela ne tienne, je crois que je tiens la solution.

Comme un Fou (Du Puy) qu'il était, Enguerrand s'élança hors de murs du château familial sans prendre congé de son ex-mère.

Chapitre III
Miracle de la science


— Professeur, s'écria Engerrand en entrant dans le labo tout de mosaïque blanche et de gaz délétères. Au Secours ! Sauvez l'honneur d'une famille sans détruire l'œuvre du péché. Le futur enfant qui dort du sommeil du juste dans ce bocal est celui d'un frère et d'une sœur, et qui plus est, d'une métis demi-sauvage et d'un descendant des Croisés. Il faut enlever à cet embryon tout ce qui nous apparente Frédégonde de Volecotte et moi.

— Rien de plus simple, répondit placidement le professeur Lovegod  (de l'université de Salem, US), nous allons remplacer les gènes qui posent problèmes. Ce sera une grande première qui va faire pâlir de jalousie toute la communauté scientifique.

Joignant le geste à la parole, il manipula sous le microscope les bâtonnets chromosomiques :

— Bon ! Ici, en effet, je vois un gène de lèvres à plateaux et un d'anneaux dans le nez que j'enlève et remplace par un gène de moustache à la gauloise et un d'œil de gagneur tapirien. Ici un gène de noblesse héréditaire que je remplace par un gène d'Hercule de foire.  Oh ! Là, c'est grave : un gène d'homosexualité. Je le remplace par le gène d'une autre passion : celle du ragoût de mouton. Bon, maintenant, le gène...

— Bon ! Je vois que vous êtes sur la bonne voie. Je vous laisse, trancha Engerrand. Continuez comme ça et nous vous serons éternellement reconnaissants. On dira que Frédégonde n'était qu'une mère porteuse dont nous adopterons l'enfant.

Résumé des chapitres suivants :

(Il est d'usage dans les romans feuilletons de faire précéder les chapitres d'un résumé des chapitres précédents, ce qui est absurde, puisque les lecteurs les ont lus. Tandis qu'ils sont pressés de connaître la suite et la fin. Ce pourquoi, résolument postmodernes, nous faisons suivre le chapitre trois du résumé des chapitres suivants qu'ainsi le lecteur n'aura pas besoin de se fatiguer à lire tout au long, ni nous à les écrire, ce qui est encore un avantage plus grand.

Neuf mois plus têt-N’y a is plus tés d'tard - pardon, plus tard — naissait un enfant  au crâne carré et plus grand que la normale. Il mordit si fort le sein de son biberon qu'après l'avoir coupé en deux il avala le verre en même temps  que le lait. Il vomit le lait et, désormais, ne se nourrit plus que de verre.

À cinq ans, il viola sa mère et ses deux grands-mères. En conséquence de quoi on le confia aux soins d'un psychanalyste qu'il viola pendant cinq ans, sans résultats appréciables sur son psychisme.

Il avait alors dix ans et dépassait son père Enguerrand du Fou du Puy de deux bonnes têtes, ce qui faisait s'exclamer les visiteurs sur le bel enfant que c'était.

En le considérant, cependant, Enguerrand dit à sa chaste (car ils n'avaient plus mélangé leurs gamètes dans des éprouvettes) épouse :

— Il me rappelle quelqu'un, mais je ne sais qui ?

— Ça ne peut être que quelqu'un de votre côté, cher ! Car, dans ma famille, il n'y a jamais eu de tarés de cette espèce.

— Ne vous fâchez pas, chère ! Vous savez bien que ses gènes principaux nous sont étrangers. Qu'en pensez-vous, madame ma pseudo-mère ?

L'interpellée (qui avait réussi entre-temps à devenir la maîtresse de son pseudo-fils, et ce sans l'intermédiaire d'une éprouvette), se gratta le menton, et :

— Il me semble que c'est tout craché Boris Karloff dans le rôle du monstre de Frankenstein.

C'était bien cela, et l'enfant biau-étique, qui avait écouté à la porte, poussant un horrible cri suivi d'un ricanement aussi terrifique, sauta par la fenêtre et couru s'engager dans la Légion étrangère, où l'on apprit plus tard qu'il avait fait une brillante carrière dans les pays de sauvages insoumis, sous le pseudonyme de Bi-Jars, vu qu'il était deux fois plus méchant que le mâle d'une oie qui l'est naturellement déjà beaucoup. Mais ses pseudo-parents l'ignorèrent, car l'échec de leurs nobles intentions les avait frappés de la foudre de la stupéfaction, et ils ne s'en relevèrent pas.

Notre Saint-père, le célèbre pape Jean-Paul VI(da !) en fit une belle homélie sur le mystère des intentions divines, et béatifia les disparus pour avoir procréé  tout en se gardant du péché de chair appâtée.

Dr Faustroll-Lequenne
Surpsy-pataphysicien



Le Journal intempestif est heureux
de vous rappeler la parution de


LE TROTSKISME
UNE HISTOIRE SANS FARD

De son rédacteur
Michel Lequenne
Editions Syllepse - 24 Euros