17 avril 2007

Recherches d'alliés

Nous avons vu hier, comment, en sous-main, Sarkozy cherche à gagner le sommet de l’électorat de Le Pen en lui faisant miroiter la possibilité de retrouver les prébendes de la République, via une dose de proportionnelle, tout en protestant très fort, pour rassurer son aile modérée et ceux qui lorgnent vers Bayrou, que ce n’est pas lui qui le dit, mais seulement son alter ego, un Hortefeux qui joue les boutefeux.

Du côté du PS, semblable mouvement vers la droite, bien que, là, ce ne soit pas Ségolène qui prenne l’initiative, mais toute son aile purement libérale, menée par le petit Rocard (si loin de 68 où il jouait au gauchiste à la tête du PSU), et l’humaniste Kouchner qui ne s’occupe plus de sauver la Somalie en lui portant un sac de riz sur ses épaules. Ségolène se contente de dire qu’il faut attendre le 22, pour savoir si c’est elle qui est au second tour et va faire des risettes à Bayrou pour s’assurer la victoire, où si, au contraire, c’est Bayrou qui gagne la première manche pour lui monnayer son soutien.

Et nous ? 

Nulle alliance possible pour la Présidentielle ! Besancenot se voit déjà bon premier des derniers et en est content. Pour quoi faire s'il réussit ? Rien !

Car il sait bien que ce n’est pas sa “victoire” qui conduira LO à faire alliance avec la LCR. La direction de celle-ci doit — ou devrait — se douter que le mouvement unitaire ne pourra plus traiter avec elle qu’avec la plus extrême méfiance. Alors ? Faire faire un bond dans la construction du petit parti révolutionnaire ? Mal parti alors que celui-ci est profondément divisé, et que les sanctions prises contre les minoritaires unitaires vont dans le sens de l’aggravation des choses plutôt que vers le rapprochement tenté par les dirigeants de cette minorité, lesquels ont multiplié les concessions ces dernières semaines.

On me demande comment expliquer la voie suicidaire de cette organisation ? Par son passéisme, son incompréhension de la transformation du monde et de ses structures de classes, par sa défiance du mouvement antilibéral auquel elle oppose — avec un révolutionnarisme d’autant plus stupide qu’elle ne peut ignorer qu’il n’y a nul horizon révolutionnaire “classique” dans nos pays développés —, un messianisme des “luttes”. Or ces luttes sont toutes vouées à la défaite contre des capitalistes prêts à perdre autant de millions qu’il faudra pour les vaincre, assurés qu’ils sont du profit final, beaucoup plus importants, qu’ils auront de leur résistance.

Tant que les verrous du pouvoir politique ne seront pas brisés, les gouvernements de droite permettront aux patrons de briser les grèves et résisteront, quel qu’en soit le prix, à celles des services publics, et les gouvernements sociaux-libéraux n’accorderont aux unes et aux autres que des compromis dérisoires. On comprend que le rôle de ces derniers conduise la LCR à opposer un refus radical à toute éventualité de gouverner avec eux. Mais par des glissements sémantiques, c’est toute perspective de formation d’une puissante opposition politique obtenue par des victoires électorales que la LCR exclut, par un véritable défaitisme social caché sous le verbalisme gauchiste.

Le mouvement unitaire au contraire, rassemblé à partir de la victoire politique du Non à l’Europe du Capital, sans avoir jamais négligé son soutien aux luttes sociales et grévistes, et avoir assuré la victoire contre la loi de précarisation du CPE, a compris le caractère essentiel des luttes électorales actuelles. Sur ce terrain, les intérêts partidaires étroits du PCF et de la LCR ont interdit le succès qui nous était promis. Nous en mesurerons demain le prix en dégâts et retards.

Mais dimanche prochain, il faut espérer que seront nombreux, non seulement ceux qui ont pleine conscience de l’enjeu à longue portée de la candidature d’unité de José Bové, mais aussi de ceux qui l’auront pressenti par instinct et confiance en le seul candidat qui a payé ses combats de sa personne. C'est l'importance plus ou moins grande du succès de sa candidature qui sera la mesure de la force de notre redépart.


Réflexions du télaidphage passif – 7

Europe – Ils attendent patiemment la fin de nos élections, nos Eurocrates dorés sur tranche. Sans inquiétudes, rassurez-vous ! Ils savent que n’importe quel candidat qui l’emportera, ce sera un ou une européiste, et donc qui sera d’accord pour renégocier un Traité constitutionnel mitonné de telle façon que le contenu libéral  soit assez bien dissimulé qu’il puisse tromper tout le monde. Le vice-premier ministre tchèque, Alexandr Vondra a tout compris : 80% du traité rejeté par nous est bon à ses yeux : "puisque c’est déjà dans les traités antérieurs" ;  donc, ce qu’il faut changer, c’est la partie des droits fondamentaux, dont ne voulait pas la Grande-Bretagne de M. Blair. Ce zèbre a dû lire nos raisons de voter Non dans les bons merdias. Toutefois, il y une petite différence entre le Sarkozy et Ségolène : celle-ci a promis qu'elle aura à nouveau recours au référendum. Bien entendu, une Présidente ne sera pas plus tenue qu'un Président de tenir ses promesses, sauf… si nous sommes assez forts pour l'y obliger, donc — si je puis me permettre de sortir de ma passivité ­— une raison de plus de voter Bové !



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de vous rappeler la parution de


LE TROTSKISME
UNE HISTOIRE SANS FARD

De son rédacteur
Michel Lequenne
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