8 mai 2007

Une honteuse victoire !

Le Président le plus à droite de l'histoire de la Ve République, pourtant née des suites d'un coup d'État, et que la France a connu depuis Pétain, vient d'être élu. Comment expliquer que cela ait été possible alors que son programme associe celui de Le Pen (refusé en 2002 par 82 % des électeurs !) et celui du MEDEF (qui menace tous les travailleurs), de l'Europe du Capital (refusé par plus de 50 % des électeurs en 2005) et l'alliance avec les USA (dont le refus de masse avait conduit même un Chirac à s'y opposer !) ?

À coup sûr par l'effet de la pire des confusions mentales, et plus exactement par une vraie dissolution de la conscience de classe du monde du travail, effet à la fois du matraquage idéologique médiatique, de l'absence d'une pensée alternative et de la faible capacité de conviction du social-libéralisme. De ce dernier point de vue, la confusion idéologique des messages lancés par Ségolène Royal la privait d'arguments fort contre la démagogie d'un Sarkozy qui ne se refusait à aucun appel aux pires pulsions et préjugés. La misogynie ajoutait son grain de sel au mélange.

À ces responsabilités des "autres", nous n'oublierons pas d'ajouter celles des anti-libéraux, notre côté ! La clarté qu'aurait pu apporter un mouvement anti-libéral unifié, qui aurait rallié tous les opposants au libéralisme désorientés (en particulier ceux qui votaient Le Pen par rage et désespoir), éclairé à la fois notre opposition au social-libéralisme et fait comprendre un vote "moindre mal" comme nécessaire au second tour, a manqué et ne peut être considérée comme de peu d'importance. Les conséquences devront en être tirées.

Nous avons d'avance expliqué pourquoi l'élection présidentielle avant les législatives déterminait celles-ci. Toutefois les prochaines seront triangulaires (avec l'UDF/mouvement démocrate) et peuvent peut-être éviter une majorité sarkozienne absolue. Faible espoir limité !

Certes, de nombreux électeurs de Sarkozy ne tarderont pas à regretter leur vote. Mais cela n'empêchera pas notre intégration dans l'Europe de la Finance et des multinationales, de la baisse des salaires vers les minima européens, de la précarisation généralisée, des délocalisations, de la participation aux guerres coloniales et pétrolières, des exactions racistes, des pollutions terrestres et atmosphériques et des OGM en pleins champs. J'en passe.

Cette victoire de la réaction dans notre pays (qui n'est ainsi plus — pour l'instant du moins — celui des Lumières et des révolutions) est une des plus graves de celles de la barbarie montante contre l'aspiration à l'universalisme de l'altermondialisme. Contre elle nous devons — et allons — entrer en résistance.

Michel Lequenne



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Michel Lequenne
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