29 mai 2007

Suite (3) de l'analyse
des causes de l'échec
du 6 mai


La Ligue communiste révolutionnaire  

Le partage de la responsabilité essentielle avec le PCF dans la brisure du Mouvement unitaire antilibéral, dès la fin de 2006, et de son désastre dans l'élection présidentielle, tend, quasi unanimement, à mettre la LCR dans le même sac que son ennemi historique. Ne sont-ils pas l'un et l'autre d'origine "léniniste" et visant l'un comme l'autre à l'hégémonie politique sur la classe de tous les travailleurs (le prolétariat) en tant qu'expression organique de sa "conscience pour soi" (Lukacs) ? C'est à la fois vrai et trop simple, car cela oublie tout simplement l'histoire, le fait que le trotskysme n'a existé que comme opposition au stalinisme, c'est-à-dire à la dictature SUR la classe travailleuse d'une bureaucratie devenue groupe social oppresseur, la "nomenklatura", et l'a payé d'innombrables victimes de ce système dans une longue lutte héroïque à contre-courant (voir mon Trotskisme, une histoire sans fard, éd. Syllepse). Et c'est la conscience — même si elle est encore souvent mal informée — d'une telle opposition qui, dans une certaine mesure, explique que le candidat de la LCR devance maintenant ceux du PCF. Alors, comment comprendre qu'ils aient l'un et l'autre saboté le mouvement unitaire ? Nous avons vu dans notre précédent numéro, les raisons qui ont déterminé l'opération Buffet, entraînant pour le PCF un désastre (annoncé par nous) pire que celui de nos collectifs et comités. Voyons maintenant comment s'explique la politique de la LCR.

Opposition communiste au stalinisme, la IVe Internationale (dont le LCR est la section française) a été frappée (paradoxalement) par la faillite même de son ennemi. Il ne suffisait pas d'en comprendre les raisons, il fallait aussi en comprendre la dialectique : devenir la négation de sa négation, la synthèse de cette fin historique. Et l'histoire même fournissait les éléments de cette synthèse avec le grand mouvement mondial altermondialiste. La IVe Internationale y prit sa place, et son historien lui-même put croire qu'on y avait compris le nouveau cours de l'histoire mondiale et la nécessité que le "dépassement" par chevauchement du mouvement de masse conduise vers une Ve Internationale organisant la totalité des immenses forces opposées au Capital.

Il put sembler, au tournant du siècle, en particulier à ceux qui participèrent aux universités d'été de la LCR, devenue cœur de la IVe Internationale, qu'il y aurait de sa part engagement ouvert vers cette grandiose perspective. Mais si la participation au grand mouvement unitaire contre le projet de Constitution libérale européenne sembla le confirmer, ce fut la forêt qui cachait bien l'arbre ! Le désastre de l'élection présidentielle de 2002 comportait le petit succès d'Olivier Besancenot.

La LCR a été victime de sa petite victoire. Il y avait déjà un moment qu’elle avait rompu avec sa politique d’adhésions filtrées, et elle avait commencé à être transformée par ceux qui entraient dans ses rangs avec armes et bagages, étrangers à son programme et son histoire. L' “effet Besancenot”, malgré le retour d’anciens à la tradition solide, s’accompagna d’un afflux de militants sans formation (souvent sans désir d’en acquérir une), et gauchistes comme c’est souvent le cas des immatures, sans compter jusqu’à des non-marxistes affirmés, "sociaux-démocrates libertaires", selon le mot de leur leader Corcuff. De là un cocktail explosif par combinaison avec l’illusion de quelques leaders de la génération de 68, qui voyaient enfin s’ouvrir la possible réalisation de leur idéal : le parti révolutionnaire, moteur et direction naturelle du mouvement de masse.

Le drame est que l’élection présidentielle ne semble pas avoir dissipé cette fantasmagorie, du fait d’un score dépassant ceux du PCF et de LO, et d’un nouveau petit afflux d’adhésions, au point que la direction décide de sanctionner les militants chevronnés et sections anciennes qui ont soutenu la candidature Bové, et que d’autre part l’unité est prônée comme devant se faire autour de la LCR, comme cela se manifeste avec les propositions et accords faits pour les législatives.

Cette analyse montre une grande différence de "cause" du comportement — apparemment semblable — de la LCR et du PCF, et une différence qui laisse une certaine possibilité de correction ultérieure, si de nouveaux éléments intérieurs, et surtout extérieurs se manifestent. Les plus décisifs sont ceux qui concernent le mouvement unitaire lui-même, dont il nous faut maintenant examiner les responsabilités propres dans l’échec commun. Nous les examinerons dans notre prochain numéro.


Début sarkoziens (suite)

 

Comprenant que réaliser son programme réactionnaire contre ce qui est tout de même la moitié au moins du pays serait plus difficile que gagner les élections, notre Naboléon commence par la ruse.

La première a été évidemment la fausse double ouverture au centre et à gauche, en particulier avec un Kouchner qui s’est précipité au Liban pour bien marquer la politique française dans la foulée de la guerre bushienne contre le terrorisme mondial. Mais n’est-ce pas aussi celle du PS ? La différence ne tient qu’à ce que Ségolène ne l’aurait sans doute pas manifestée si vite et si ouvertement. Cette ruse-là, si elle ne trompe personne, peut même être bénéfique pour éclairer les frontières politiques, au-delà des mots. Ce que l’on peut souhaiter, c’est que Kouchner soit suivi le plus rapidement possible par tous ses pareils, de Rocard à Alègre, en attendant la fusion du reste du PS dans le MoDem ! Comme cela nettoierait le terrain de la gauche !

La seconde ruse de Naboléon a été d’appeler les leaders syndicaux pour leur dire qu’il ne ferait pas passer en force son démantèlement du droit de grève et son sabotage des 35 heures !  Si Thibault s’est contenté de grogner un : "Attendons !", on a vu Chérèque, ravi de ce démocratisme, se lécher les babines à l’idée de la vaseline qui va lui permettre un bon compromis.

Même type de ruse avec les ONG écologistes ! On est triste de voir que c’est un Jean-Paul Besset, devenu porte-parole de l'écologiste de merdias Hulot, qui se dise prêt à se contenter de "convergences" avec l’écologie "profitable" !

Mais la plus belle ruse, au stade où nous en sommes, c’est celle de l’affaire Airbus. Non seulement il va sauver l’entreprise (son Arcole, le petit Buonaparte), mais il va supprimer les parachutes dorés… Enfin, les futurs. Pas question des actuels.

Cette question demande une petite explication. Plus que l’indignation générale, et en particulier, celle des travailleurs directement volés par les "parachutistes", il y a celle… des actionnaires ! Les millions que s’accordent les gestionnaires faillis des entreprises où ils font "travailler" leur argent, c’est ça de moins sur leurs dividendes. Et il en va de même des stocks – options ! Un scandale pour les gens de Finance que cet abus de leurs grands serviteurs ! Une vraie guerre à l’intérieur même de la classe capitaliste ! En remettant de l’ordre là, M. Sarkozy, lui, va se comporter en gérant loyal du Capital, l’anonyme, celui qui compte et commande.

Combien de temps peut durer la ruse ? Peu, d’autant que notre Naboléon assure qu’il va tout réformer en même temps, et que ça a déjà coincé avec le M. Hirsch qu'il a emprunté à Emmaüs, à propos des franchises sur dépenses médicales qui vont peser lourd sur les plus pauvres.

Il s’agit de faire passer le temps des législatives, suivi de celui des vacances, pendant lesquels il pourra se passer… bien des choses.

En attendant : 


Nouvelles du monde (de l'envers à l'endroit)

Grande nouvelle de l'UNANIMITÉ de nos merdias : ils sont pour que l'opposition soit libre d'avoir une grande chaîne des télévisions publiques. Oui ! Parfaitement ! Mais… naturellement, pas chez nous, de l'opposition de droite seulement, et au…

Venezuela, où Chavez, toujours admirable, enlève son arme empoisonnée à sa bourgeoisie pro-USA et aux pétroliers. Lesdits merdias nous affirment que 70 % de la population est pour que ladite radio reste aux mains des putschistes. Bizarre, non ? que des gens qui ont élu Chavez veulent que seuls parlent ceux qui ont tenté de le renverser par les armes ? Il doit y avoir un truc !

De Gaza au Liban : Avec une Europe où Sarkozy va renforcer l'aile la plus pro-yankee, les Palestiniens sont mal partis. Les différents Israéliens sont noyés dans le sang des "représailles" sur Gaza, des assassinats ciblés ou non, jusqu'à l'arrestation d'élus du Hamas, sous le prétexte des tirs de Roquette sur une colonie de l'autre côte de la frontière. Qui effectue ces tirs dont les dégâts sont minimes ? Bien entendu, ils ne sont pas le fait du gouvernement palestinien unifié. Des irresponsables ?

 Ce qui se passe au Liban a de quoi nous faire réfléchir. Des intégristes, dont l'armement et l'argent signent les puissances qui les dirigent — celles de la Guerre des Monstres — se sont installés dans un camp palestinien pour déclencher une opération qui se retourne… non seulement contre les Palestiniens, du lieu et en général, mais aussi contre la politique du Hezbollah ! N'est-ce pas clair ? Pas pour nos merdias en tout cas !




Le Journal intempestif est heureux
de vous rappeler la parution de


LE TROTSKISME
UNE HISTOIRE SANS FARD

De son rédacteur
Michel Lequenne
Editions Syllepse - 24 Euros